L'Algérie fête la Journée mondiale de l'arbre, de la famille, de la femme, de la presse, de la tortue et du lapin si cela se trouve mais zappe, paradoxalement, celle de la lutte contre la corruption. Au-delà du simple constat du calendrier des célébrations, cette volonté officielle de ne pas s'inscrire dans cette date, somme toute symbolique, renseigne sur l'absence d'un minimum syndical prêché par le gouvernement dans sa guerre contre la corruption. Le fait de ne pas célébrer officiellement la Journée internationale de la lutte contre la corruption, coïncidant avec le 9 décembre de chaque année, accentue un peu plus le clivage existant entre discours d'intentions servis à la louche et une réelle politique préventive contre ce fléau. La corruption en Algérie n'est pas une vue de l'esprit et elle est dénoncée aussi bien à l'intérieur du pays que de l'extérieur. Le phénomène ne se soucie ni des procès dits du siècle ni des organes officiels mis en place par l'Etat. Il se sert du système, se nourrit de ses hommes, du moins de leur voracité, et se perpétue, gangrénant l'économie nationale de ses soubassements. La corruption en Algérie est telle qu'elle a contaminé tous les niveaux décisionnels, de la première marche de l'échelle à la dernière. Tchipa, bail, kahwa, chkara , elle s'accommode de tous les «alias» pour une seule finalité. Des 200 dinars glissés au factotum de n'importe quelle administration publique aux millions de dollars de commissions et de pots-de-vin versés dans les comptes off-shore de certains hauts fonctionnaires, le schème est le même. Ne diffèrent que les sommes et les préjudices. Le mal est là, carnivore, se propageant à toute la société et ne sera que plus insidieux et tentaculaire avec la nouvelle loi de finances 2017 qui va prendre à la gorge et serrer bien fort la classe moyenne, celle des fonctionnaires. L'alibi sera servi par les députés et la corruption ne sera plus un délit mais une excuse. Le pays continue toujours de truster les mauvaises places et le classement annuel de Transparency International (TI) sur la corruption dans le monde, épingle l'Algérie à la 88e place sur 168 pays. Une étude de l'ONG anticorruption, basée à Berlin, montre que 26 % des sondés algériens estiment que la corruption a augmenté en 2015. La lutte contre la corruption, action citoyenne à la base, reste pourtant à risque en Algérie «tant que l'on continuera à réprimer les dénonciateurs de la corruption», analyse l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC). Souvent en Algérie, les lanceurs d'alerte se retrouvent devant la justice, une issue qui refroidit plus d'un patriote, prédisant à la corruption de beaux jours à l'ombre de la crise économique et de la permissivité des autorités.