Que retenir des deux années de gestion de la fédération algérienne de football sous l'ère du président Kheireddine Zetchi ? Le seul point positif à mettre à l'actif de cette FAF, élue le 21 mars 2017, c'est probablement l'organisation du fameux symposium sur la relance du football national en décembre 2018, ce qui avait permis de cerner les problèmes et les insuffisances du football algérien. Toutefois, la seule recommandation appliquée de ce symposium, c'est l'organisation d'une cérémonie de remise des recommandations par la FAF au ministère de la Jeunesse et des Sports. Pour rappel, ce symposium avait réuni des experts et invités venus de différents horizons qui avaient discuté et mangé pendant trois jours pour aboutir à des recommandations qui moisissent aujourd'hui encore aux bureaux de la FAF et du MJS. La fédération algérienne de football a également lancé des centres de formation, mais force est de reconnaître que la formation des footballeurs ne relève pas de la FAF, mais des clubs. Pis encore, la FAF a fait appel à des techniciens espagnols pour détecter des jeunes talents algériens et les former, alors que cette mission devait revenir de droit à des techniciens algériens qui connaissent parfaitement la réalité du football algérien et la mentalité des jeunes footballeurs algériens. C'est dire que les deux seuls points positifs (symposium et centres de formation) qui auraient pu être mis à l'actif de la FAF, peuvent être considérés comme étant des erreurs de Zetchi. Il faut aussi relever que les centres de formation lancés par la FAF ont été critiqués par le ministre de la Jeunesse et des Sports sortant, Mohamed Hattab, qui n'a pas eu le courage d'arrêter l'édification de ces centres. Il s'était contenté de dire à Zetchi que le MJS met à la disposition de la FAF des centres et des édifices à travers le territoire national, notamment à Alger, Annaba et Sidi Bel-Abbès. En ce sens, le bilan de deux années de gestion de la FAF par Zetchi est globalement négatif compte tenu de plusieurs événements et scandales qui ont secoué la fédération. Kheireddine Zetchi avait entamé son mandat à la tête de la FAF par le recrutement de l'Espagnol Lucas Alcaraz au poste de sélectionneur national. Alcaraz a été limogé sept mois plus tard et la FAF a dépensé un argent fou pour son recrutement, sachant que le litige financier entre la FAF et Alcaraz n'est toujours pas réglé au niveau de la FIFA. Zetchi avait persisté dans son erreur en engageant Rabah Madjer avec tous les dommages causés à la sélection nationale. Madjer et son staff ont été indemnisés par la FAF suite à leur limogeage, ce qui laisse entendre que l'argent laissé par l'ancien président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a été dilapidé pour ainsi dire. En plus de l'équipe nationale, la direction technique nationale à la FAF a connu une instabilité sous le règne de Zetchi, lequel avait engagé Fodil Tikanouine. Ce dernier avait fait perdre du temps et de l'argent à la fédération dans la mesure où il n'avait rien apporté à la DTN. Par la suite, Zetchi a engagé Rabah Saâdane et tout son staff dont Boualem Charef, Hocine Achiou et d'autres techniciens. Quelques mois après, Saâdane et son équipe ont été contraints par Zetchi de plier bagage, alors qu'ils avaient entamé un travail de fond sur le plan de la formation et de la détection. A présent, la DTN est devenue une simple direction qui gère de manière administrative la formation et le développement du football à la FAF. Les deux années de gestion de Zetchi ont également été marquées par des scandales sur l'arbitrage. Ce sont tous les clubs ainsi que le président de la LFP en personne, Abdelkrim Medouar, qui critiquent l'arbitrage. Pour rappel, l'arbitrage a été le premier scandale ayant secoué la FAF lorsque Messaoud Koussa, en sa qualité de membre élu du bureau fédéral et ancien arbitre connu et reconnu, avait exigé de présider la commission fédérale d'arbitrage. Zetchi est allé jusqu'à limoger Koussa qui est un membre élu afin de l'empêcher de diriger l'arbitrage. Finalement le président de la FAF a désigné un salarié de la fédération, en l'occurrence l'ancien arbitre Amalou pour désigner les arbitres. Cela explique les innombrables critiques des présidents de club qui ne cessent pas de dénoncer la corruption dans l'arbitrage sans que le président de la FAF n'apporte des changements à la tête de la commission fédérale d'arbitrage ! Et dire que Zetchi avait promis la refonte de l'arbitrage au lendemain de son élection. Il avait aussi promis de mettre en place une direction nationale de contrôle de gestion des clubs (DNCG). Cette direction qui était «une priorité» pour Zetchi, est jetée aux oubliettes et ne fait plus partie de son plan de bataille. A cela s'ajoute le conflit qui oppose le président de la FAF à son homologue de la ligue de football professionnel. La programmation et la déprogrammation des matches de championnat expliquent en grande partie l'échec programmé de la LFP qui, elle aussi, est gérée d'une manière peu professionnelle, il faut le dire. La mauvaise programmation du championnat et les scandales d'arbitrage font partie intégrante de la corruption qui gangrène le football national. Un fléau que la FAF et son président veulent taire par tous les moyens. Zetchi s'est toujours montré mal à l'aise pour parler de la corruption dans le football, malgré les scandales et les accusations contre la FAF. On s'attendait à ce que la fédération se porte partie civile dans certaines affaires où elle a été accusée, mais c'est le silence total qui s'en est suivi. Les accusations mutuelles et à ciel ouvert des présidents de club n'ont jamais fait réagir la FAF, ce qui est scandaleux pour la première instance du football en Algérie. Des médias étrangers ont également rapporté dans leurs enquêtes l'ancrage de la corruption dans le football algérien, sans qu'il y ait de réaction de la FAF. Cette impunité pour ne pas dire complicité de la FAF a laissé le terrain propice à la propagation des mauvaises pratiques comme la corruption et l'arrangement des matches. Cette situation a engendré d'autres maux tels que le dopage et la cocaïne qui sont en passe d'être banalisés dans le football algérien. Aucune enquête n'a été déclenchée par la FAF, laquelle devait saisir la justice dans les affaires de la drogue. Dans ses déclarations à la presse sur le bilan de deux ans de gestion de la FAF, Zetchi a indiqué que le bilan sera établi après quatre ans, c'est-à-dire à la fin de son mandat. En d'autres termes, la FAF s'accorde deux autres années de scandales et de gestion douteuse. Aujourd'hui, au vu de tous ces scandales, on comprend les raisons ayant amené l'ancien conseiller bénévole de Zetchi, Mohamed Mecherara, à claquer la porte et se retirer de la fédération.