«En deux semaines de confinement seulement, 22% des PME et TPE ont licencié au moins la moitié de leurs employés et connu une baisse de 60% de leur chiffre d'affaires. Les entreprises font face à des difficultés de liquidités, de paiement des salaires et des charges fixes, si elles ne sont pas soutenues, une grande partie d'entre elles disparaîtra». C'est ce que révèle l'étude menée entre le 4 et le 11 du mois en cours par la Business Academy EVIDENCIA', centre de formation et de conseil des managers, avec la contribution de la chambre de Commerce et d'Industrie d'Oran (CCIO), le cercle de Commerce et d'Industrie algéro-espagnol (CCIAE), et le concours de l'Association des chambres de Commerce et d'Industrie de la Méditerranée (ASCAME). «L'étude a permis de recueillir des données chiffrées en temps réel, au cœur de la crise sanitaire du coronavirus, recueillant les avis et les propositions de 250 dirigeants d'entreprises» écrivent les sondeurs et auteurs de cette initiative. Visant à évaluer l'«impact économique du coronavirus sur les entreprises algériennes», le questionnaire a été adressé, soulignent-ils, dans leur introduction, à «des sujets micro-économiques, notamment sur le volet d'exploitation et de gestion, affectant plus précisément les TPE et les PME, qui représentent presque 90% du tissu d'entreprises algérien». Les 250 dirigeants qui ont répondu au questionnaire et dont «les ¾ sont des -PDG, DG et managers», sont issus du «secteur du Service (qui) représente 50% de notre échantillon, suivi du secteur de l'Industrie 25%, le secteur du BTPH 13%, et le secteur du Commerce 12%.» Dans cet échantillonnage, il est noté que «l'hôtellerie/restauration représentent 12%, les TIC 11%, l'Education 7%, les professions libérales 12%, les Agences Com-Event 8%, le Transport 6%, et divers services 44%». Un décompte global place «l'industrie pharmaceutique à 23% et les diverses industries à 77%». «89% des entreprises participantes sont soit des TPE ou des PME. Les ETI (entreprise à taille intermédiaire) représentent 10%. Les grandes entreprises représentent moins de 1% de notre échantillon». Interrogés sur l'impact du COVID-19 sur l'organisation de la gestion de leur entreprise, «52% des enquêtés ont déclaré avoir mis en congé une partie de leurs employés. Le 1/3 des entreprises ont mis au chômage technique une partie de leurs personnels et mis en place des mesures sanitaires, une organisation de télétravail». Baisse drastique de chiffres d'affaires La mise en congé d'employés occupe 52% dans ce schéma organisationnel, en temps de pandémie, la mise en place d'un chômage technique (30%), la mise en place du télétravail (30%) et la mise en place de mesures sanitaires (37%). Si «51% des répondants déclarent ne pas avoir licencié d'employés, à ce jour, 22% d'entre eux ont licencié au moins la moitié de leurs employés, ce qui présente un chiffre signifiant pour seulement 02 semaines de confinement. Au titre de l'exploitation, l'activité globale s'est traduite ainsi «60% des entreprises ont connu des baisses de leur chiffre d'affaires suite à un arrêt net imposé par la crise sanitaire, le ¼ des entreprises ont subi une baisse d'effectif et des ruptures d'approvisionnement et de logistique». L'étude renseigne que «plus de la moitié des entreprises enquêtées font face à des problématiques de paiements des salaires (58,4%) et des difficultés de trésorerie (54,3%). Le 1/3 des entreprises enquêtées comptent reporter leurs investissements et diminuer leur budget de communication et marketing». Ce qui en résulte que «plus des ¾ des entreprises ne peuvent faire face au règlement de leurs coûts fixes. Seuls 27% des entreprises procèdent aux paiements de leurs charges fixes (salaires, loyers et autres intrants). 13% n'ont pas de ressources pour payer les frais fixes, tandis que 28% ont reporté les paiements et 14% ont réduit leurs coûts. 07% ont dû emprunter». Pour le premier mois de la crise, «plus de la moitié des entreprises (55%) prévoient une perte entre 50% et 90% de leur chiffre d'affaires, lors des premières semaines d'arrêt d'activité. Pronostics pour l'année 2020, «36% des entreprises prévoient une baisse annuelle de leur chiffre d'affaires entre 50% et 90%. Le ¼ des répondants prévoient une baisse entre 25% et 50%, ce qui traduit une forte inquiétude sur l'activité annuelle des entreprises qui prévoient d'importantes baisses de revenus», affirme l'étude. «30% des répondants ont des besoins de BFR (Besoin en Fonds de Roulement) entre 1 million et 5 millions de dinars. 16,3% des entreprises ont des besoins entre 5 millions 10 millions de dinars. 15,9% ont des besoins entre 10 et 50 millions de dinars. 11,8 % ont des besoins de plus de 50 millions de DA. Ceci traduit une urgence de liquidités pour alimenter la trésorerie afin de faire face à cette situation». L'étude indique ainsi que «le 1/3 n'ont pas de visibilité sur la reprise de leur activité, dans l'immédiat. 15,5% pensent reprendre l'activité bien plus tard, alors que plus de la moitié croient à une reprise dans les prochains semaines». L'urgence de sauver les entreprises Les auteurs de l'étude estiment que «les chefs d'entreprises font face à une situation inédite, qui complique leur management et même la continuité et la survie de leurs entités». Ils font savoir alors que «44% des entreprises prévoient plus de flexibilité dans leur management (management agile). Seulement 21% prévoient de digitaliser leur processus et 27% de former leur équipe pour affronter la crise». Autre constat «1/3 des entreprises croient à un dénouement proche de la crise et 42% pensent pouvoir survivre mais avec un niveau d'endettement élevé ou un rééchelonnement des dettes. 11,4% pensent ne pas survivre à cette crise sans mesures d'accompagnement». L'étude rapporte que «la moitié des répondants réclament un report de 06 mois des paiements des échéances de crédit. Le 1/3 des entreprises souhaitent la création d'un fonds de solidarité et le 1/4 d'entre elles espèrent des crédits bonifiés ou sans intérêt à moyen terme». L'organisme enquêteur «EVIDENCIA Business Academy» estime qu'«il est urgent et primordial de polariser les énergies et les efforts de toutes les parties prenantes (gouvernement, banques, organisations et associations du milieu économique) afin lancer des actions communes pour sauver nos entreprises ( ), sauvegarder les emplois et le fonctionnement de notre économie». Comme «mesures d'urgence», il propose «des prêts sans intérêt ou bonifiés, à court terme, pour soutenir leurs trésoreries, un rééchelonnement des crédits antérieurs sans frais, le report des paiements des échéances parafiscales et/ou fiscales de 06 mois, le report des factures d'électricité, gaz et eau pour les industries à fort usage de ces intrants, la création d'un fonds de solidarité (financé par l'Etat et les grandes entreprises)». Il faudrait en parallèle «maintenir la protection sociale des employés, aider les personnes mises en chômage technique, sans solde, par un revenu d'urgence sur une période de deux à trois mois pour leur assurer des conditions de vie dignes».