Né en 1925 à Oujda dans le Maroc oriental où sa famille se réfugie vers les années 1911 (exode des Tlemcéniens vers Damas ou vers le Maroc oriental contre le régime colonial), Benyounès GRARI tire sa révérence à l'âge de 95 ans. Il est issu d'une famille tlemcénienne ayant habité les quartiers populaire de Bab Zir et Bab Ali dans le vieux Tlemcen avant l'exil. Président de l'APW de Tlemcen pendant 17 ans, sa disparition plonge les proches et tous ceux qui partagent et portent ses valeurs dans une infinie tristesse et un profond désarroi. Dès 1954, il milite dans le réseau FLN-ALN à Oujda où instituteur-maître d'application, il sera chargé de l'alphabétisation des réfugiés algériens au Maroc et de la formation d'Algériens réfugiés au Camp Ben M'hidi en compagnie notamment de Bencheikh, premier directeur de l'Ecole des cadets de la révolution de Tlemcen après l'indépendance. A l'indépendance, il réintègre l'Algérie et s'installe à Maghnia comme directeur d'école, puis conseiller pédagogique de Monsieur Chaouche Ramdane, inspecteur primaire, qu'il remplacera après son décès. Membre de la première délégation spéciale de Maghnia en 1963 et de la première APW de l'Algérie indépendante de Tlemcen, il sera vite propulsé président de cette jeune APW pendant dix sept ans (1974-1991). Aimable, discret et convaincu, il a, sa vie durant, fait preuve d'une abnégation exemplaire et d'un courage sans faille face aux causes justes qu'il a eu à défendre sous les régimes des Présidents Boumediène, Chadli et Zeroual (arabisation, révolution agraire, gestion socialiste des entreprises). Retraité depuis deux décennies, le défunt Si Benyounès comme aimaient l'appeler ses copains est resté toujours attentif aux évolutions économiques, sociales, culturelles et surtout politiques en Algérie et à l'échelle maghrébine. Exemple de compétence, d'intelligence, de courage, d'abnégation et de lucidité politique, le défunt GRARI avait l'Algérie au cœur. Son sens de l'organisation et du travail précis et bien fait, son abnégation face à l'adversité de certains collaborateurs n'avaient d'égal que son affabilité, sa modestie et sa générosité d'instituteur, marchand de l'alphabet à des générations d'apprenants. Par ses relations humaines avec le grand public, il est resté égal à lui-même en fréquentant le café Azur dans la nouvelle ville de Kiffane les Dahlias à Tlemcen ou les cafés de l'Esplanade du Mechouar avec terrasses ombragées par des platanes centenaires. Selon les témoignages de son collègue de profession, Selka Khaled, inspecteur primaire en retraite, « Monsieur GRARI, au plan national, était membre du CNES (Commission Nationale Economique et Sociale) et président du Widad de Tlemcen, il était également membre de plusieurs associations caritatives où il était d'une générosité exemplaire. Il n'a cessé d'être aussi très actif aux activités post et périscolaires, notamment à la FOCET (Fédération des uvres de Culture et d'Education de Tlemcen), célèbre aussi dans le domaine de la jeunesse et des sports. Sa notoriété au sein du WAT comme président est connue de tous les journalistes et du monde footballistique national. Il n'a cessé d'être un dirigeant incontesté et appelé à régler de nombreux litiges ». Ainsi le défunt GRARI a été l'ami de tous, le militant de la cause nationale puis de la construction et du développement de l'Algérie, il fut un citoyen exemplaire. Paix à son âme.