Les taxieurs Bel Abbèsiens montent au créneau, ils décident d'un sit-in devant la direction des transports pour protester contre, semble t-il, de nouvelles mesures apparues au cahier des charges qui réglemente la profession, notamment disent-ils celle qui consiste à rajouter au dossier la photo du véhicule. À première vue cette exigence ne semble pas suffisamment contraignante pour susciter de telles clameurs sur la toile et la réponse du directeur des transports. Les assureurs, eux, prennent bien des photos du véhicule pour délivrer des polices d'assurance, sans que personne ne s'en offusque. Les contestataires, soutenus par leur syndicat, apostrophent la tutelle en lui rappelant qu'il existe déjà un contrôleur technique assermenté pour attester du bon état du véhicule, et qu'il n'a qu'à rajouter à la nomenclature des tests la photo du véhicule. Bien sûr, pour donner plus de teneur aux griefs, on rappelle les difficultés à exercer ce métier et une réglementation de plus en plus "sévère et qui manque d'empathie". Cependant, le directeur des transports dans sa réponse, n'évoque pas du tout cette histoire de cliché à fournir au dossier. Il cite les deux documents exigés entre autres au cahier des charges pour bénéficier du permis de places, à savoir la non affiliation à la caisse de sécurité sociale et le document qui atteste que le chauffeur de taxi n'exerce aucune autre activité rémunérée. Le malaise existe mais sa source demeure mitigée. L'activité des services de taxi est soumise à un cahier des charges fixé par arrêté ministériel. De nouvelles conditions applicables au conducteur et au véhicule de taxi ont été publiées au Journal officiel no 58. C'est principalement ce que précise le directeur des transports, avec cet air qui ressemble à la formule consacrée du fonctionnaire patenté, mais qui n'y est pour rien. Le taxi, ce modèle économique de transport devenu archaïque depuis l'ubérisation et le covoiturage dans les pays développés perdure chez nous malgré l'amélioration des offres de transports publics avec le tramway dans les plus grandes villes et le métro d'Alger. Le réseau routier urbain des grandes villes ayant rétréci comme une peau de chagrin depuis l'installation des lignes de tramways, il est de plus en plus aléatoire pour les usagers du taxi d'être à l'heure à leurs rendez-vous. Mais pourquoi les tramways ne font-ils pas le plein des passagers, alors que leur confort et la fluidité du trafic sont indéniables? Serait-ce parce que le véhicule particulier offre plus de sécurité? Ou alors est-ce le prix "modique" du carburant qui incite à la production de plus de CO2. Le souci de la préservation de l'environnement n'étant pas d'actualité, l'heure n'est ni au covoiturage, ni à l'ubérisation, ni même à la réglementation du niveau des décibels en agglomération. Le débat s'oriente plutôt vers comment et avec quelle formule pourrait-on importer plus de véhicules thermiques usagés alors qu'à l'horizon 2035 l'Europe projette le banissement des véhicules thermiques, au profit de ceux électriques. La pollution sonore et de l'air dans les zones urbaines ayant pris des proportions non négligeables, n'est-il pas temps de penser à prendre les mesures à même de préserver la qualité de l'air, avant que le sujet ne devienne un problème majeur de santé publique. En 2015, la contamination atmosphérique était présumée responsable de 2,5 millions de décès en Inde, c'est le plus lourd bilan humain de la planète, a estimé une récente étude publiée dans la revue The Lancet. Dans les années 1990, l'air était encore propre à New Delhi, aujourd'hui, l'immense métropole est asphyxiée par le taux trop élevé de CO2. Des millions d'enfants sont maintenus à la maison, et les écoles fermées. Les épisodes de SMOG étant devenus récurrents, la métropole est déclarée ville la plus polluée au monde. Toutes proportions gardées, nos villes n'ont pas la taille des mégapoles de l'Inde ou de chine, mais est-ce que cela justifie qu'on y laisse proliférer les raisons qui rendront malades, stressés, abusés, les Algériens, simplement à cause du laxisme béat de ceux qui sont censés veiller sur leur santé.