Les verrous ont sauté devant des projets d'investissement qui semblaient, pourtant, selon leurs initiateurs eux-mêmes, face aux résistances administratives, impossibles à mettre en marche si on faisait un retour en arrière de quelques mois. Il y a moins de deux mois, lors d'un Conseil des ministres tenu le 21 novembre dernier, on apprenait que de nombreux projets d'investissement, totalisant quelque 90 milliards de dollars, étaient bloqués « pour des raisons administratives ». Le président de la République avait ainsi ordonné de lever tous les obstacles qui bloquent le lancement des ces projets avant la fin de l'année 2021. L'instruction du président de la République a effectivement permis de lever la poussière sur des projets d'investissement mis sous le coude de responsables qui se sont vite effacés devant la volonté du premier magistrat du pays. Ces blocages étaient-ils justifiés par de quelconques textes réglementaires ? Ou s'agit-il de comportements bureaucratiques à travers lesquels on chercherait à exercer des chantages contre les investisseurs ? Dans tous les cas de figure, c'est «un crime antinational», comme l'a qualifié le président de la République. Le médiateur de la République, auquel on a confié le suivi de ce dossier, a fait état de la levée d'obstacles sur 679 projets d'investissement sur un total de 877 projets en leur délivrant des autorisations d'exploitation et d'entrée en production, selon un communiqué du dernier Conseil des ministres. Précisant dans ce sens que des autorisations ont été délivrées aux investisseurs concernés à travers 40 wilayas, permettant la création de 39.242 postes d'emploi. Mais l'exposé du médiateur de la République manque de précisions au sujet de la nature des projets, des types d'obstacles, ainsi que la valeur financière en monnaie nationale et en devise, des projets d'investissement objet de déblocage, des points qui doivent dans l'ensemble être inclus dans l'exposé en question, selon les instructions du président de la République. La nature des obstacles, en particulier, doit être mise en exergue pour savoir justement si l'origine du blocage est justifiée ou non, et conduire à des ajustements réglementaires ou des sanctions contre les responsables à l'origine du blocage. Dans cet esprit, comme le conseillent tous les experts, n'est-il pas temps de se défaire carrément de la gestion administrative des investissements et de l'économie en générale ? Parce que, dans ce cadre, on n'a vu qu'une face du sombre décor. Il y a, forcément, de l'autre côté de la pièce, le contraire de ce qui fait l'actualité, soit des investissements qu'on ne peut pas mettre en marche pour diverses raisons, plus que justifiées, mais qui sont entrés en exploitation sans souffrir ni des entraves bureaucratiques ni subir la force de la réglementation pour empêcher leur concrétisation sur le terrain. La bureaucratie qui peut bloquer le licite, peut autoriser l'illicite.