L'amélioration et la modernisation du système de santé, pour parvenir à des services de santé efficaces qui prennent en charge les besoins des citoyens, passe inéluctablement par la contractualisation et la numérisation dans le secteur de la santé. C'est le ministre de la Santé qui a souligné l'importance de ces deux recommandations issues du séminaire national sur la modernisation du système de santé, qui s'est tenu les 8 et 9 janvier, révélant que le travail est en cours selon un calendrier pour les mettre en œuvre sur le terrain à court et moyen terme. S'agit-il d'un retour vers l'application de l'ancien projet de «Contractualisation des rapports entre les établissements publics de santé et les organismes de sécurité sociale», introduite par voie réglementaire (Article de la loi de finances de 1993) suite à de fortes contraintes sur les ressources financières de l'Etat, soumis à l'application d'un sévère plan d'ajustement structurel négocié avec les institutions financières internationales ? On sait que le projet en question n'a pas été concrétisé sur le terrain pour diverses raisons, notamment une forte résistance des populations, auxquelles on a fait faussement croire qu'il était question de la fin de la « médecine gratuite », allant jusqu'à provoquer des manifestations manipulées par ceux qui s'opposaient au projet de contractualisation de l'acte médical, ainsi que les difficultés de sa mise en œuvre administrative. Mais, les pouvoirs publics acceptaient bien cette contrainte des institutions financières internationales comme une vérité qu'on ne peut occulter. Malgré toutes les résistances et les difficultés dans le passage à l'application brutal de ce projet, les autorités ont persévéré discrètement dans la mise en place des mécanismes administratifs nécessaires, et ont théoriquement réussi de contractualiser les rapports entre les établissements publics de santé et les organismes de sécurité sociale (des agents de ces organismes ont été détachés dans ce cadre dans les établissements de santé publics), mais seulement pour les assurés sociaux et leurs ayants droits. Pour les démunis, qui ne bénéficient d'aucune couverture de la sécurité sociale, l'accès aux soins gratuits est resté garanti, sans les identifier réellement par le biais d'une carte de démuni, afin de les prendre en charge, même théoriquement, par des organismes autres que la sécurité sociale. Les temps ont changé, et vont changer encore avec la réorientation du soutien de l'Etat, dans tous les domaines, exclusivement vers les couches démunies, ce qui oblige au passage l'établissement d'une carte nationale des populations en question. Une chose est sûre, l'inévitable contractualisation de l'acte médical ne peut que contribuer à la création d'un climat de compétition et de concurrence qui appellent à un profond changement des mentalités des travailleurs du secteur de la santé et l'amélioration de l'accueil et des soins prodigués aux patients.