A-t-on jugé hâtivement l'annonce d'une révision à la hausse des prix du gaz vendu à l'Espagne comme une sanction à la suite du soutien apporté par le gouvernement espagnol au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental ? C'est vrai que l'annonce par le PDG de la Sonatrach, qui a relevé au début du mois en cours que malgré la crise ukrainienne et la flambée des prix du pétrole et du gaz, «l'Algérie a décidé de maintenir, pour l'ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n'est pas exclu de procéder à un «recalcul» des prix avec notre client espagnol», coïncide avec une période de froid dans les relations entre les deux pays, mais rien n'indique clairement qu'il s'agit d'une pression par le biais de la diplomatie du gaz. En tout cas, le gouvernement espagnol refuse de croire qu'il y ait un lien entre cette décision d'augmentation des prix du gaz fourni à l'Espagne et le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara. Pour preuve, la ministre espagnole de la Transition écologique, qui a confirmé, dans une déclaration à la télévision espagnole, la décision de l'Algérie d'augmenter les prix du gaz destiné à l'Espagne, a révélé que le groupe algérien Sonatrach a déjà fait part «en octobre» de ce projet aux sociétés espagnoles. «L'Algérie est un pays fiable, qui respecte ses engagements», a-t-elle insisté, au même titre des déclarations du ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui s'est félicité de son côté que «l'Algérie a toujours honoré ses engagements». Des fleurs pour courtiser Alger ? Il est certain que le gouvernement espagnol va tout tenter pour calmer la colère des autorités algériennes suite à son revirement sur le dossier du Sahara occidental, mais la rupture des relations bilatérales est béante. L'ambassadeur d'Algérie en Espagne, rappelé au lendemain du soutien espagnol au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental, le 18 mars dernier, n'est pas encore retourné à son poste à Madrid. Ce qui laisse la porte fermée à toute normalisation des relations diplomatiques. Si le gouvernement espagnol laisse planer un espoir pour garder intact ses relations avec l'Algérie, rien ne plaide en faveur de cette option du côté d'Alger. Le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères avait déclaré dans ce contexte qu'«il est clair que l'Algérie va revoir tous les accords avec l'Espagne, dans tous les domaines, pour voir comment la relation évolue à l'avenir». Les relations bilatérales entre les deux pays sont appelées à se détériorer davantage dans l'avenir non pas parce que, seulement, l'Algérie chercherait à exercer une quelconque pression sur le gouvernement espagnol pour lui faire changer d'avis sur la question du Sahara occidental, mais tout juste parce que l'ami de mon ennemi est mon ennemi. Le revirement du gouvernement espagnol à propos du dossier du Sahara occidental, qui ne fait pas l'unanimité au sein même de la classe politique espagnole, ne doit-il pas convaincre l'opinion interne de ce pays avant de se soucier des effets démolisseurs de ses relations avec l'Algérie ?