La mairie de Sétif est en phase de faire un travail de profondeur. La ville, malgré de multiples failles, est néanmoins en passe de redécouvrir son lustre d'antan. Ville propre, aérée, prenante, climat sec; Sétif a connu ces dernières années une vraie descente aux abîmes de la gabegie. Chaussées défoncées, jardins urbains dévastés, gestion aléatoire des déchets ménagers, absence de terrasses de café et de bancs publics, cette ville n'attire plus ses enfants plus qu'elle le fait pour les autres tentés par le park-mall ou une Aïn Fouara violée pour la énième fois et que l'on voile encore par une bâche horrible. Cependant le sursaut salutaire du maire, aguerri à la tâche, semble venir résoudre le cumul de tous les problèmes liés à un héritage catastrophique. La restauration du vieux foncier bâti, réalisée en partie, doit se poursuivre pour englober tout le quartier dit des écoles laïques. Dommage pour le marché couvert qui va disparaître et que l'on aurait su sauvegarder si le sens de l'art et de l'histoire avait animé ceux qui ont opté pour sa gratuite éradication. Le wali aurait sauvé la partie, comme pour le marché de Tiaret et ne pas laisser un seul avis technique broyer un petit patrimoine. Un croisement d'avis ou une contre-expertise était nécessaire pour dire que la technologie est toujours au service des beaux objets urbains et s'adapte à toutes les contraintes du réconfortent structurel. Comme la prière rituelle, la rapiécer mieux que la refaire. Il y a aussi cette détermination tant souhaitée de refaire les artères de la ville. Le bitume a presque touché toutes les cités au bonheur de leurs résidents. Tout est à l'honneur de la municipalité. Pour ce point là, le simple observateur est capable de constater que le travail qui se fait par ces "sous-traitants" est sujet à controverse. L'on ne place pas une nouvelle canalisation d'eaux usées que l'on enterre, tasse, goudronne, sans qu'il n'y ait eu d'essais d'écoulement. L'on ne creuse pas un regard de visite et un autre, puis les enfouir sous terre sans vérifier leur texture. Et ces avaloirs qui parfois ne sont pas à l'endroit requis, alors que d'autres le sont là où il ne faut pas. L'étude topographique aurait été totalement absente. Des rues terminées, bitumées, tapissées gardent encore des avaloirs ouverts, bouchés, sans tampons et des regards dénivelés par rapport à la chaussée. Que l'on ne dise pas que tout se fera après. Quand l'on se contracte avec un sous-traitant à quatre manœuvres, il ne faut pas espérer reconstruire une ville. Refaire les trottoirs est en soi une initiative très louable, déterrer les anciennes bordures en pierre taillée et les replacer, du moins à la cité des Cheminots est un acte hautement artistique. Mais les tasser en certains cas, sans damage ni armature de treillis-soudés, notamment aux entrées de garages, n'est qu'une malencontreuse œuvre. Le contrôle donc reste l'outil permanent et continuellement présent sur terrain. Il peut toutefois se renforcer par le droit au citoyen témoin d'alerter la mairie par le biais d'un numéro vert pour tout incident, déficit ou maladresse dans les travaux. Ceci ne sera que la parfaite expression de la valeur de la citoyenneté et l'exercice effectif de la démocratie participative. En somme, cet exécutif communal n'a pas la tâche facile, sans la collaboration de tous. Que ces acteurs sectoriels, eau, gaz, téléphonie, intervenant sur la chaussée cessent de l'abîmer et doivent s'inscrire dans la coordination des projets. Il est de même pour ces promoteurs immobiliers détruisant villas et maisons de maîtres, d'avoir au moins le souci citadin de clôturer convenablement leurs chantiers. C'est dire aussi, cet espoir que gardent encore ses enfants, de revoir enfin un Sétif, le leur qui renaît, une ville qui sort enfin de ses égouts. Tout fier de son maire.