Jamais sans doute, les collèges et les lycées algériens n'ont connu un aussi important frémissement que celui vécu cette dernière semaine. Le grand intérêt porté par les parents et les élèves pour les résultats des dernières compositions scolaires a été une nouveauté visible pour signifier qu'un pli social en grande teinte a été pris. Elèves et parents sont face à face avec le futur. Depuis quelque temps déjà, des indices avaient suggéré qu'un nouveau cap était engagé au sein de la majorité des familles prouvant que les parents avaient décidé de monter de plusieurs crans leurs préoccupations pour la scolarité de leurs enfants. Les cours particuliers de soutien se sont largement inscrits dans le lexique des ménages malgré de lourds sacrifices financiers, parfois mis au premier plan, avant l'alimentation quotidienne et le reste. Affirmer que l'autorité parentale se désintéressait dans le passé de l'éducation scolaire de sa progéniture n'est en aucun cas de mise. Mais on remarque ces dernières années un accompagnement plus renforcé qui parfois atteint la hantise. Il y a là un signe des temps qui renvoie à une prise de responsabilité élargie dans un fort souci de préparer la nouvelle génération à affronter des temps très durs. L'emprise de la crise économique a d'évidence imposé un nouvel ordre pour que les Algériens ouvrent grands leurs yeux et entament l'effacement de l'entrain aisé de l'esprit de la rente. Le plein emploi garanti des vieilles décennies passées ne figure plus dans le registre national et le futur ardu est mieux éclairé. L'ère n'est plus à un monde de l'emploi offert au tout-venant armé seulement des bienfaits des amitiés et des liens de voisinage. A croire que les énormes déconvenues du monde présent, crises et pandémies réunies, tout en infligeant moult difficultés dans l'existence, offrent en même temps la draconienne obligation de ne compter que sur soi. Le frémissement actuel dans les écoles est en droite ligne avec cette vérité.