Coup sur coup, une loi sur l'immigration est adoptée par les parlementaires français et une entente sur le sujet a été dégagée en même temps par l'ensemble des Etats de l'Union européenne. Par ces deux événements, la droite et l'extrême droite de l'Europe viennent encore une fois prouver que leur présence et leur avancée ne sont pas une utopie et que leur mainmise sur le vieux continent n'est pas un mirage. Leur domination rampante s'accentue au grand désarroi des forces de progrès et il devient maintenant certain que l'Europe prend un tournant qui ne sera pas sans conséquences sur l'avenir du monde. Accompagnant les aprioris et souvent les préjugés de leurs populations, les pays européens sont évidemment libres d'opter pour des politiques et des décisions qu'ils pensent convenir à leurs intérêts. Mais au moment où le monde se fracture, une telle prise en charge des problèmes de l'immigration ne va pas sans sous-tendre l'étendue certaine de l'esprit belliqueux entre les hommes et renforcer le racisme et la xénophobie. Les nouvelles décisions auront la malchance de produire des effets contraires à ceux que les Européens attendent. Au moment où le monde est soumis à l'éclatement et prend goût à la violence et aux tueries, rejeter ses semblables, y compris en leur déniant leurs existences, devient une maléfique promesse pour l'assombrissement du ciel. Empêtrée dans des jeux politiciens internes et malsains pour la conquête des pouvoirs, l'Europe n'a pas trouvé mieux que de donner plus de hauteur à ses murs. On peut comprendre qu'elle prenne des mesures objectives pour battre en brèche les excroissances évidentes nées d'un flux migratoire débridé. Mais aller jusqu'à planifier l'effacement de la bonne conscience humaine par des barricades est une insulte à l'histoire. Les gouvernements européens semblent oublier que des millions de leurs ressortissants ont été, eux d'abord par le passé, les constituants historiques des grandes migrations. Les Américains, les Italiens, les Portugais, les Allemands, les Français, les Espagnols comme les Italiens gardent pour toujours les stigmates des plus grandes aventures humaines dans la traversée des mers pour s'installer dans des contrées qui n'étaient pas les leurs.