La piraterie en mer Rouge est-elle réellement un grand danger pour le commerce international pour qu'une alliance de plus de dix Etats, les Etats-Unis en tête, se mobilisent avec armes et forces pour l'annihiler ? Cette nouvelle guerre n'est pas sans rappeler des péripéties guerrières historiques du 15e et 16e siècles quand les batailles navales entre les grandes puissances de l'époque faisaient rage pour la domination des comptoirs commerciaux en Asie et en Amérique du Sud. Elle n'est pas sans rappeler non plus les drames causés par les armadas fougueuses dans l'accaparement des terres en Afrique. L'histoire, encore fraîche, n'a pas effacé des esprits le remous des armes provoqué par la nationalisation du canal de Suez par Nasser. La mise en avant, avec tintamarre, des turbulences en mer Rouge n'est pas anodine au moment où le Moyen-Orient est dangereusement assis sur une poudrière. La mise en exergue des «pirates» yéménites n'est que l'avancée d'un pion dans un grand échiquier pour planifier une plus large piraterie. Les mises en accusation soutenues de l'Iran ne sont pas de plates théories. Les faits et les événements qui caractérisent le branle-bas occidental permanent, avec le Japon et des Etats lointains intégrés, sont objectivement à confondre avec l'absence de scrupule israélien pour laisser apparaître une vaste stratégie pour garantir et assurer un ordre occidental dominant. La majorité des monarchies arabes sont un autre pion dans cette articulation stratégique. Agrippés à leurs trônes chancelants, les monarques n'ont d'autres choix que de suivre ce qui leur est recommandé pour les préserver. Le monarque marocain, pour sa part, s'applique à exécuter le rôle de tour dans l'échiquier sahélien. Il multiplie les yeux doux à un sous-continent perturbé et le soudoie avec l'ouverture d'un passage libre sur l'Atlantique. Tout démontre que de nombreux calculs ont été faits, comme ils l'ont été faits dans le passé. Il restera cependant deux importantes inconnues dans cette large stratégie : la Chine et la Russie.