Bien que des voix affirment que Yennayer a une forte coloration païenne, la fête s'est imposée pour devenir un événement officiel au point où une multitude de commerçants ont saisi une opportunité pour achalander à tout-va leurs comptoirs de fruits secs. Pour peu que l'on s'attarde sur les prix réclamés, l'on ne peut échapper à un désappointement en laissant en suspens des interrogations sur une telle profusion commerciale pour laquelle les ménages manifestent une curieuse et franche adhésion. L'apparente frénésie des commerçants actuelle traîne quelque peu avec elle une senteur semblable à celle qui couvre les jours de la fête du mouton. Sauf que l'actuelle n'obéit à aucune recommandation religieuse. Chaque ménage est libre d'en faire un percept et de lui accorder l'interprétation selon son bon vouloir ou d'incriminer le penchant de l'exigence des progénitures. Ce drôle d'élan dépensier aux allures inconséquentes laisse dire à certains engagés dans les réflexions aisées que toute la population n'est pas dans le besoin. Il est évident que chacun a le droit de gérer son budget familial comme il l'entend. Mais une telle adhésion à des frais non essentiels est en contradiction avec l'idée retenue selon laquelle les temps sont durs et que les fins de mois sont difficiles. Le riche spectacle que les marchés et les devantures des trottoirs offrent en ce moment laisse penser que les Algériens laissent couler l'argent à profusion. La crise économique et ses pendants inflationnistes ne seraient donc que balivernes uniquement propices pour des pleurnicheries. L'incorrection et probablement l'écorchure prononcées à l'adresse de nombreux pères de familles en difficultés constantes seraient une injustice car tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Mais la flagrance du faste nourricier secondaire en étalage soumet de sérieux questionnements. Entre la draconienne régulation des importations décidée par les pouvoirs publics et l'articulation du phénomène de la «cabas» est loti tout un monde.