En 98 jours, l'agression israélienne contre Ghaza a fait plus de 23.700 martyrs dont plus de 10.000 enfants et plus de 7.000 femmes, ainsi que plus de 7.000 disparus sous les décombres et plus de 60.500 blessés dont plus de 1.000 enfants amputés. Au 98e jour, les pays occidentaux continuent, sans honte, de défendre Israël et de considérer que ses bombardements utilisant plus de 65.000 tonnes d'explosifs, déchiquetant à un rythme moyen les corps de 250 civils par jour, ne constituent pas un génocide ni même l'intention de le commettre. S'il est encore trop tôt pour savoir ce que va statuer la Cour internationale de justice de l'ONU, la réaction des pays occidentaux devant la qualité du dossier présenté par l'Afrique du Sud dans sa plainte contre l'entité sioniste devant cette juridiction des Nations unies, ainsi que les plaidoiries des juristes engagés pour le défendre, montrent que le «monde libre» craint une condamnation d'Israël. Mais ce que craignent les Occidentaux par dessus tout, c'est les soutiens populaires dans le monde entier, en particulier aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, à la démarche de l'Afrique du Sud. Et au moment où se déroulaient, jeudi et vendredi, les plaidoyers devant la CIJ, Israël a continué ses massacres à Ghaza, car cette entité raciste et suprématiste ne peut pas cacher sa véritable nature génocidaire forgée dans son ADN depuis sa création pour coloniser la terre de Palestine et déporter les Palestiniens. Durant les deux précédents jours, les bombardements de l'aviation sioniste ont fait des dizaines de martyrs dans plusieurs localités, principalement à Khan Younes et Rafah au sud de Ghaza, mais également au centre et au nord de l'enclave assiégée. Pour la seule journée de jeudi, l'armée de l'occupation a commis «13 massacres, faisant 151 martyrs et 248 blessés», indiquait un bilan du ministère de la Santé à Ghaza, notant que de «nombreuses victimes» se trouvaient encore «sous les décombres et sur les bords des routes», et que les équipes d'ambulances «ne peuvent pas atteindre» en raison de l'intensité des bombardements. Hier, les bombardements ont fait de nombreux de martyrs principalement au centre de la bande de Ghaza. Selon un correspondant d'Al Jazeera, un bombardement israélien visant une maison du quartier d'Al-Sabra dans la ville de Ghaza a fait 3 martyrs et plusieurs blessés, au moment où des bombardements d'artillerie visaient le camp de Bureij, dans le centre de la bande. A Deir Al Balah, au centre de Ghaza, le bombardement d'une maison a fait 6 martyrs et des blessés. Hier, et jusqu'à 14h GMT, les bombardements aériens et navals de l'armée israélienne continuaient sur le centre et le sud de Ghaza. Un correspondant d'Al Jazeera a déclaré que les tirs d'artillerie des navires de l'occupation ont visé la ville d'Al-Zawaida, dans le centre de Ghaza. Ajoutant que l'aviation a ciblé la région de Juhr al-Dik, au sud de la ville de Ghaza, tandis que l'artillerie a bombardé intensivement diverses zones de Khan Younes, au sud de Ghaza. Oxfam : le bilan quotidien des morts à Ghaza le plus élevé du 21e siècle Oxfam International, une confédération d'une vingtaine d'organisations caritatives indépendantes à travers le monde, dont le siège est à Nairobi au Kenya, a affirmé jeudi dans un communiqué que le bilan quotidien des morts palestiniens dans la guerre israélienne contre Ghaza dépasse celui de tout autre conflit majeur du 21e siècle. « L'ampleur et les atrocités qu'Israël fait endurer à Ghaza sont vraiment terrifiantes. Depuis 100 jours, les habitants de Ghaza vivent un véritable enfer. Aucun endroit n'est sûr et l'ensemble de la population est menacé de famine », a déclaré Sally Abi Khalil, directrice régionale d'Oxfam pour le Moyen-Orient, citée par le communiqué. « Il est inimaginable que la communauté internationale regarde se dérouler le conflit le plus meurtrier du 21e siècle, tout en rejetant continuellement les appels au cessez-le-feu», ajoute le document. «Sur la base de données accessibles au public, Oxfam a calculé que le nombre moyen de décès par jour à Ghaza est nettement supérieur à celui de n'importe quel conflit armé majeur récent, y compris la Syrie (96,5 décès par jour), le Soudan (51,6), l'Irak (50,8), l'Ukraine (43,9), l'Afghanistan (23,8) et le Yémen (15,8)», précise l'organisation. Oxfam a mis également en garde contre «la menace massive que représentent la faim et les maladies pour la santé des populations», en plus des victimes directes des bombardements sionistes. «Alors que les attaques de masse se poursuivent, des vies continuent d'être perdues et des fournitures essentielles ne peuvent pas être acheminées. Le blocus total de la bande de Ghaza imposé par Israël restreint l'aide vitale, notamment la nourriture, les fournitures médicales, l'eau et les installations sanitaires», a ajouté Mme Abi Khalil. Elle attire l'attention aussi sur la situation «particulièrement préoccupante» des enfants, des femmes enceintes et des personnes souffrant de maladies, tout en appelant à un cessez-le-feu. « Le seul moyen de mettre fin à l'effusion de sang et d'éviter que de nombreuses autres vies ne soient perdues est d'instaurer un cessez-le-feu immédiat, de libérer les otages et de permettre l'acheminement d'une aide cruciale», ajoute le communiqué d'Oxfam qui affirme aussi son soutien à la démarche de l'Afrique du Sud devant la CIJ. «Oxfam soutient tous les efforts visant à enquêter sur les attaques de masse et les violations des droits humains et à y remédier», lit-on dans le document. Plainte contre Israël devant la CIJ : «Juridiquement solide» Jeudi, la première journée des travaux de la CIJ consacrées aux auditions de la plainte pour génocide déposée par l'Afrique du Sud contre Israël a été suivie par des millions de vues sur les réseaux sociaux. Au cours de l'audience de trois heures, les avocats sud-africains ont plaidé en faveur de «mesures provisoires» pour protéger les Palestiniens de Ghaza contre la poursuite des actes génocidaires d'Israël. Selon Thomas MacManus, maître de conférences à l'Université Queen Mary de Londres, dans une déclaration à Al Jazeera, le dossier a été présenté d'une manière « très impressionnante » et « juridiquement solide », et les «accusations (étaient) dévastatrices » contre Israël. Amnesty International (AI) a qualifié les audiences devant la CIJ d'« étape vitale » pour protéger les Palestiniens. «L'examen par la CIJ de la conduite d'Israël est une étape vitale pour la protection des vies palestiniennes, pour restaurer la confiance et la crédibilité dans l'application universelle du droit international et pour ouvrir la voie à la justice et à la réparation pour les victimes», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'AI, dans un communiqué. De son côté, Human Rights Watch a félicité l'Afrique du Sud pour avoir porté la campagne militaire israélienne contre Ghaza devant le plus haut tribunal de l'ONU. « L'Afrique du Sud joue ici un rôle de leader important. Il s'agit vraiment d'exploiter cette opportunité importante. Si Israël ne respecte pas les mesures ou les ordonnances de la Cour, il appartient alors à la communauté internationale de veiller à ce qu'elle exerce toutes les pressions possibles pour encourager Israël à mettre réellement en œuvre les mesures», a déclaré à Reuters Tirana Hassan, directrice exécutive de HRW. Mme Tirana Hassan a également dénoncé la «tendance mondiale au deux poids, deux mesures» et à la «diplomatie transactionnelle » quand il s'agissait des droits de l'homme. « Lorsque nous voyons la communauté internationale se mobiliser pour certaines situations et pas pour d'autres [cela] envoie le message que certaines vies valent plus que d'autres, et cela érode la confiance dans les institutions internationales sur lesquelles nous comptons pour garantir les droits humains», a-t-elle ajouté. Quant à l'ancien dirigeant du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn, il a dit espérer qu'« une ordonnance provisoire serait rendue très prochainement » par la CIJ pour «empêcher les bombardements». «Tout ce qui peut sauver des vies à Ghaza doit en valoir la peine », a déclaré Corbyn, ajoutant qu'il «existe des preuves incroyablement solides de la manière dont la population civile est tuée ».