Les citoyens, quel que soit leur niveau social ou intellectuel, sont, pour un grand nombre d'entre eux, totalement déconnectés de ce rendez-vous quinquennal. C'est du moins l'état d'esprit qui règne chez les citoyens de la wilaya. Rencontrées à la rue, deux jeunes filles auxquelles nous avons demandé leur appréciation sur cette importante échéance électorale, ont clairement affirmé que «cela ne nous intéresse pas». Pourquoi ? Djamila, une étudiante en sciences commerciales, 23 ans, nous a expliqué que les «citoyens sont exclus du jeu politique depuis des décennies. Comment voulez-vous qu'on s'intéresse à une élection où on connaît à l'avance qui sera président», dit-elle. Sa camarade qui fait les mêmes études nous expliquera que «c'est une élection qui se passe entre les gens qui décident et nous ne sommes pas réellement concernés». Mêmes questions posées à deux chômeurs, rencontrés à la placette de Tarik el oued. «Nous savons que celui qui sera président est celui-là même qui sera issu du pouvoir. Il n'y aura pas de président réellement élu» disent-il, avant que l'un d'eux ne note que «de toutes les façons nos problèmes ne seront pas réglés par un président de la République , mais c'est au niveau local que nous devrions avoir des représentants dignes de ce nom».Au marché, des vendeurs, à même le sol, interrogés sur l'élection présidentielle semblent en ignorer même l'événement. «C'est pas une élection de députés?», a interrogé l'un d'eux, alors que les autres n'ont même pas voulu répondre à notre question. «L'essentiel ch'kara wal harba», dira un autre, vendeur de chaussures «made in China». Quoi qu'il en soit, cette situation est quasi-générale pour ne pas dire tout simplement complètement générale. C'est une situation, par ailleurs, très inquiétante pour des observateurs de la scène politique nationale qui estiment que lors de la dernière élection présidentielle de 2004, il y avait un réel engouement. «C'est terrible et bizarre, à la fois, de voir qu'un rendez-vous aussi déterminant pour l'avenir du pays n'intéresse aucunement les citoyens qui semblent vaquer à leurs occupations sans se soucier de qui sera le nouveau président de la République », dira un politologue interrogé à ce propos. C'est une situation inédite, dit-il, mais qui s'explique par plusieurs raisons. «Il faut savoir que les gens sont échaudés par les différentes élections qui ont eu lieu par le passé où le président de la République élu est pratiquement toujours connu à l'avance, il n'y a pas de suspense», dit-il tout en précisant que «les citoyens, de quelque horizon qu'ils soient, disent: pourquoi allons-nous nous mobiliser ou en quoi peut nous intéresser cette élection tant le résultat sera le même». A moins d'un retournement à travers des débats élevés, la campagne électorale s'annonce terne et sans attrait. Que dire alors du taux de participation.