Située entre deux régions, l'Europe et le Moyen-Orient, la Turquie tente, tant bien que mal, de faire ses preuves vis-à-vis de ses voisins du Sud. N'ayant encore pas réussi à se faire admettre dans le cercle vicieux et fermé qu'est l'Union Européenne, la Turquie, dont la situation économique s'est en quelque sorte améliorée, en occupant la 17 è place avec un taux de croissance de 8,9 % en 2010, semble tourner le dos à l'Europe qui ne voudrait pas d'elle, pour tendre la main aux dirigeants arabes en leur proposant des issues de secours afin d'apaiser les colères des protestataires qui sont dans les rues depuis le mois de février 2011. C'est ainsi que le premier ministre turc, M. Recep Tyyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, militant islamiste, qui vient de remporter les élections avec un taux de 50 % de voix sur 99 % de suffrages, a offert au dirigeant libyen, M. Mouammar Kadhafi, de quitter le pays en échange d'une garantie. Il lui propose par ailleurs le choix d'aller là où il le souhaite. Cette décision, intervenant la veille des élections en Turquie, est sans doute vue comme étant une bonne initiative en faveur de la Libye, plus particulièrement le peuple qui ne trouve pas d'issue à sa crise. Une initiative par laquelle la Turquie devance les pays arabes qui donnent l'impression de ne pas trop s'inquiéter de ce qui se passe chez leurs proches voisins. Signalons en outre qu'entre 4.000 et 5.000 réfugiés syriens ont déjà regagné la Turquie, depuis le début des affrontements avec les forces de sécurité de leur propre pays et que près de 10.000 autres tentent de franchir les frontières turco-syriennes, pour rejoindre les abris dressés à cet effet sur le sol turc. Une situation plus qu'alarmante qui dépasse la démesure. De la Syrie, où la situation s'aggrave de jour en jour, jusqu'au Yémen, en passant par les autres pays arabes voisins, la crise persiste. Cette crise prend parfois des tournures invraisemblables parce que les intermédiaires sont soit absents soit n'interviennent pas suffisamment pour aider les protestataires à trouver des solutions favorables à la résolution de leurs crises, afin d'éviter que les forces occidentales et américaines n'interviennent par la force comme ce fut le cas en Irak, à Kaboul et au Pakistan. Ce sont là des exemples dont devraient en tenir compte les dirigeants arabes. Aujourd'hui c'est la Lybie qui est la proie de ces rapaces. Le premier ministre turc, militant islamiste, affiche sa sympathie en faveur du monde musulman et de la cause palestinienne en particulier. M. Erdogan ne souhaiterait sans doute pas qu'il arrive à un quel conque pays arabe ce qui est arrivé à l'Irak. N'existe-t-il pas, de nos jours, des dirigeants arabes assez puissants pour convaincre leurs homologues syrien, libyen et yéménite de quitter le pouvoir tant il encore temps ?