Réflexion a accueilli dans ses locaux les représentants de l'association du renouveau et la promotion de Mostaganem, pour l'un de la série de forums qu'elle organise régulièrement avec la société civile. Il s'agit en l'occurrence de Mr Boukraa Mansour (président de l'association), M. Bourahla Aek (président d'honneur et chercheur) et Mr Khelifa (ex directeur de la CNAS.Mostaganem etsecrétaire général de l'association), que réflexion remercie d'avoir répondu à l'invitation. Réflexion: voudriez-vous nous dire comment et pourquoi votre association a vu le jour. Quel est votre objectif et votre plan d'action ? Le Renouveau: Notre association a été crée à l'initiative de quelques citoyens jaloux pour leur ville avec la ferme décision de se mobiliser pour que Mostaganem reconquière sa place de ville de culture et d'histoire qu'elle a perdu au fil des années. Le déclic à l'origine de la création de notre associations a été la démolition du vieux quartier DERB, « berceau de notre enfance » a souligné l'un des intervenants. Nous avons arrêté de justesse l'hécatombe qui visait également la démolition d'une partie du quartier TABANA. Notre association existe pour contribuer à réaliser le bien être et l'épanouissement du citoyen mostaganémois. Actuellement on étouffe à Mostaganem, aussi notre association existe pour œuvrer pour le bien être et l'épanouissement du citoyen mostaganémois en harmonie avec nos traditions et la culture de nos ancêtres. Réflexion: Quelles sont les actions que vous menez dans ce sens ? Le Renouveau: Notre association qui fêtera ses 20 ans d'existence en mai 2012 a mené un nombre d'actions qui se sont caractérisées par l'élaboration d'un diagnostic détaillé et un programme de développement économique, social et culturel. Nous sommes porteurs de projets civilisationnels. Nous avons donc besoin d'être écoutés par les décideurs pour œuvrer en synergie dans le cadre d'un partenariat qui rassemblera toute la société civile pour l'émancipation de Mostaganem à travers des actions de développement durable, sur la base d'un programme réfléchi. C'est pour cela que notre aspiration est de pouvoir être partie prenante aux réunions des POS et du PDAU de la Wilaya en notre qualité de représentants de la société civile afin d'apporter un plus car notre composante compte beaucoup de personnes compétentes dans plusieurs domaines, en urbanisme, en recherches historiques, en culture, etc. Réflexion: Qu'a révélé le diagnostic que votre association a élaboré et quelles solutions avez-vous préconisées ? Le Renouveau: Mostaganem tombe en ruine. Le premier diagnostic a concerné la dégradation du patrimoine existant. Notre démarche a visé l'état du vieux bâti et particulièrement les deux quartiers phares, à savoir : Tigditt et Tabana,(souika, el haouch, el bioutte). Notre association a développé un plaidoyer pour la sauvegarde et la réhabilitation de ce patrimoine. Il faut donc restaurer et assainir et non détruire systématiquement. Tigditt est « une ville » de part son histoire et son importante population. Elle pourrait même être hissée au rang de daira. Nous déplorons l'état actuel de cette ville qui abrite pourtant d'importantes Zaouias telles El Zaouia El ALaouia et Zaouiat sidi Kaddour Benslimane et qui fut le centre du nationalisme et symbole de l'identité de Mostaganem, deux raisons pou lesquelles le colonialisme a voulu la détruire. Actuellement elle est surnommée « la Colombie », cette « ville » musulmane qui a cohabité avec Mostaganem, jadis ville chrétienne pendant huit longs siècles. Elle mérite d'être valorisée et réhabilitée surtout au niveau de son noyau historique El Souika tahtania. Concernant l'assainissement du vieux bâti, il s'agit de recenser les maisons récupérables, celles à restaurer parce que comptant parmi le patrimoine culturel, historique et architectural, qu'il faut réhabiliter et celle à démolir d'urgence en évacuant les habitants et en les relogeant. Dans cette opération, il faudra tenir compte du tissu urbain existant. Il y a par ailleurs urgence pour assainir Oued AIN SEFRA. Nous sommes contre le dallage de Ain Sefra car une étude faite et offerte gracieusement a révélé que l'interaction des produits stagnés et la fermentation dégage du métal qui lui ; provoquerait des explosions. Ain Sefra a besoin d'être remise en valeur pour l'importance environnementale qu'elle susciterait si dans un aménagement intelligent elle se relierait au pole culturel et au jardin public qui pourrait être un important jardin botanique. Les cascades qui se trouvent dans ces mêmes lieux qui doivent en principe constituer un produit touristique, sont fermées laissant place aux égouts. Pourtant ces cascades en plus de leur beauté naturelle, jouent le rôle d'épuration naturelle des eaux. Aujourd'hui il y a danger pour les riverains de l'oued Ain Sefra . Il y a donc obligation d'inscrire une opération d'épuration de grande envergure. Actuellement l'oued Ain Sefra et tout le pole culturel qui est à proximité, malgré leur grandeur historique, leur sort demeure jusqu'à l'heure, la décadence. Notre devoir est donc de réagir pour faire de la vallée de Ain Sefra, un lieu de loisir et de détente. Réflexion: Vous insistez beaucoup dans votre action sur le volet, sauvegarde du patrimoine, est-ce que vous envisagez par ailleurs ; des actions envers les jeunes et la société en général ? Le Renouveau: Notre association porte un projet de société, notre action englobe tous les domaines de développement durable. Nous insistons pour que le quartier soit un milieu de mobilisation générale où les jeunes ont un grand rôle à jouer. Chaque quartier doit pouvoir créer de l'emploi pour ses jeunes. La promotion de nos quartiers est l'une des préoccupations majeures de notre association. Les opérations ponctuelles de nettoyage et de levée d'ordure ne doivent pas être une fin en soi , il faut des actions pérennes d'où la nécessité de mettre en place des comités de quartiers démocratiquement élus , structurés et devant impliquer tout un chacun. Les élus doivent œuvrer pour que le quartier ait une vie conviviale. Ils doivent s'impliquer dans les projets d'aménagement que doit réaliser l'APC. Le comité de quartier doit ouvrir un registre de doléances des citoyens et le soumettre aux instances élues de L'APC. Réflexion: Le quartier est donc pour vous le lieu privilégier pour la concrétisation de la cohésion sociale ? Le Renouveau: Oui, le comité de quartier doit évoluer selon une charte préétablie définissant les droits et devoirs de chacun. C'est pour cela que nous sommes contre le déplacement anarchique des gens lors des opérations de relogement. On doit respecter le contexte pour éviter le développement de fléaux sociaux, la criminalité et la délinquance. Le quartier doit assurer l'insertion sociale à « ses propres enfants » afin de ne pas rééditer ce qui se passe dans certaines communes. Il y a lieu dans ces cas d' identifier pour chaque quartier des jeunes Leader ship, capables de galvaniser les jeunes dans le bon sens de la vie collective, et ce après avoir reçu eux même une formation dans ce sens. Réflexion: est-ce que vous inscrivez dans votre palmarès de sensibilisation, le respect de d'environnement ? Le Renouveau: Nous avons constatez que le citoyen est un destructeur de masse de la nature, surtout dans des cités livrées sans commodités où les espaces destinés à être verts deviennent des dépotoirs. A ce niveau il y a beaucoup à faire. IL Y A lieu d'interpeller les pouvoirs publics pour prendre en charge la formation d'agents d'entretien, appelés dans un court terme à assurer le gardiennage, l'entretien des espaces plantés, veiller au respect des heures de levée d'ordures ménagères et l'entretien des réceptacles etc. Nous sommes convaincus par ailleurs que le Scout musulman(SMA) en tant qu'association d'utilité publique, a la vocation de prendre en charge les jeunes pour l'éducation civique et religieuse. Les maisons de jeunes et centre culturels doivent être dotés de moyens adéquats pour occuper à bon escient, les jeunes sur le plan culturel et sportif. A propos d'environnement toujours ; notre association a déjà pris l'initiative de proposer un dossier qu'elle avait soumis au Ministère de la ville à l'époque. Le projet avait acquis l'aval du Ministère suite à cela la direction de l'environnement avait proposé de prendre en charge la formation de jeunes dans le cadre d'une opération pilote pour Mostaganem mais le projet, victime des tergiversations administratives locales n'a pas pu entre concrétisé. Réflexion: Mostaganem est une Wilaya ouverte sur 104km de cote, qu'est-ce que votre association propose pour le développement du tourisme. Le Renouveau: Nous pensons que l'on ne fait pas assez pour cela. Mostaganem recèle beaucoup de produits touristiques qui ne sont pas valorisés. En plus de nos cotes, il y a la fantasia, les vestiges historiques à Sidi Lakhadar et ailleurs, les forets etc. tout cela mérite d'être réhabilité pour attirer les touristes.