Les Algériens savent apprécier le bon café depuis que celui-ci a conquis leurs villes, villages et douars, soit depuis la nuit des temps. Enfin depuis le XVème siècle. Ils hument la douce fragrance de cette boisson magique et vous dénomment à l'arôme qui est le concepteur d'un tel breuvage, car chez nous le philtre diffère d'une contrée à une autre et même d'une maisonnée à une autre. Ainsi, à Miliana la tasse est arrosée d'eau de fleur et à Zemmora on y ajoute une pincée de cannelle. Dans certaines familles, on y saupoudre même un soupçon de cubèbe ou de poivre. Le café-crème est inconnu en Algérie. On appelle à tort café-crème le café au lait. Et le café au lait marche bien dans les débits de boissons et en particulier dans les gares et aéroports. Alger la blanche. Il est presque huit heures du matin en ce jour printanier de mars 2006. Un vieil homme s'attable à la terrasse d'un café. Ce doit être un voyageur vus les bagages qu'il traine. Au garçon de café, il commande un café au lait dans un grand verre. Le voyageur est servi illico presto. Un jeune homme attablé en face est ébahi par la taille du verre. Pourquoi dans un grand verre ? Un quart de boisson chaude et trois quarts du verre vides. Trois cuillerées de sucre blanc suffisent pour sucrer le breuvage. Mais,- le fatal mais- ; notre voyageur y versa vingt-sept cuillerées de « sucre ». Il ingurgita sa commande, paya et s'en alla sans un mot. Vingt-sept cuillerées ! Bien plus que n'aurait versé un mioche !