Les objectifs d'une politique ardue de l'Algérie moderne prônés par le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika ne verront jamais le jour, croit-on savoir à Zemmora auprès d'une population qui en a ras-le-bol de l'indifférence des autorités de cette localité qui a subi les affres du colonialisme et où chaque pierre et chaque arbre raconte l'épopée d'une population meurtrie. Alors que des enfants grelottent dans leurs taudis du quartier populeux de la Smala, les va-en-guerre ne trouvent pas mieux que d'assoiffer leurs prochains avec un flagrant laisser-aller et une négligence criarde. Depuis le samedi 4 février, soit le premier jour de la tempête de neige qui s'abattit sur la contrée, les robinets s'asséchèrent et la Sonelgaz, cette intouchable entreprise fut désignée du doigt. Et comme tout un chacun le sait, la Sonelgaz n'est pas à sa première ni à sa dernière brimade de l'Algérie profonde. Les derniers faits d'armes de cette compagnie ne sont pas moins de 954 000 foyers, soit près de 5 millions d'Algériens, qui ont été privés d'électricité et en particulier dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira, Blida et Médéa. Comme jamais rien n'est bien fait et que l'entretien est le dernier des soucis des responsables de cette énergie, des câbles de moyenne tension cheminant à travers d'immenses arbres se voient torturer par les branchages alourdis par la neige pour causer des courts-circuits qui vinrent à bout de l'alimentation en courant de l'enfilade de puits situés au lieu-dit Tennis à l'orée de la forêt de Zemmora. Selon les propos d'un citoyen, des forestiers et des employés communaux se sont attelés à dégager, avant-hier, les câbles pris dans les branchages, alors que les responsables de la Sonelgaz brillaient par leur absence. Opération qui s'est soldée par la rupture d'un câble et qui aggravera encore plus le problème. Si la population assoiffée s'est vu balloter d'un responsable à l'autre, la Sonelgaz, comme à l'accoutumée répondait par le « manque de personnel » et « d'autres priorités ». Des motifs inacceptables par des abonnés d'abord, des contribuables ensuite, et des citoyens après tout, qui suivent bien ce qui est signifié en haut lieu et que d'autres dégradent par leur désintérêt à la chose publique. Et en particulier la bonne image que veut se donner l'Etat après des années de chaos et que d'autres n'arrivent pas à suivre. Dans l'attente de promesses, que les citoyens espèrent qu'elles seront tenues, des camions-citernes dépêchés sur les lieux et qui n'arriveront jamais à étancher la soif d'une population chauffée à blanc par le manque de communication des autorités et qui avertit encore une fois ceux qui lui manquent de respect, car selon les dires d'un citoyen, il est demandé que le chef de daïra, ce commis de l'Etat, saisisse de telles occasions pour affirmer le soutien du pouvoir algérien, qu'il représente, à ses enfants sans exception. Et d'ajouter : « Que diriez-vous d'un chef de daïra qu'il a fallu protester pour le faire sortir de son douillet bureau et qui nous accueilli emmitouflé dans son chaud manteau, les mains dans les poches ? Le manque de considération est aveuglant. » Et il poursuit : « Encore une fois, l'ère est révolue, où il était interdit de photographier et où l'état de droit était chose abstraite. Que chacun y mette de son mieux pour aller de l'avant, nous voudrions bien que notre paisible ville reste telle quelle : sans hogra, sans interférences et dans le respect des uns et des autres. Pour le reste, je voudrais que le maire, le chef de daïra et autres autorités souffrent des mêmes coupures d'eau, d'électricité, d'internet, de téléphone que le simple citoyen. C'est peu demander. »