La décision de Saïd Sadi de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête du RCD est considérée comme l'événement politique de ce début d'année. Pourtant, quoi de plus normal que de céder son poste après 23 ans à la tête d'un parti politique ? Mais la règle devient l'exception dans le champ politique algérien. Depuis l'avènement du multipartisme, à la fin des années quatre vingt, le parti est devenu une propriété presque privée dont l'existence est étroitement liée à un nom, celui du chef, du Zaïm ou du Cheikh. Pour se maintenir, certains leaders politiques ont mis en péril l'avenir et l'unité de leur parti. C'est le cas du président du MSP, Bouguerra Soltani, qui dirige cette formation depuis 2003. M. Soltani, dont le ralliement au pouvoir est contesté par des cadres du parti, a réussi le coup de force de se faire réélire à la tête du parti en mai 2008. La suite, on la connaît : le MSP perd des centaines de militants qui rejoignent notamment le dissident Abdelmadjid Menasra, désormais à la tête du Front du changement, récemment agréé.Mais comparé à d'autres responsables de partis, Bouguerra Soltani pourrait être considéré comme l'exemple le moins mauvais. Il ne dirige le MSP "que" depuis 8 ans et il s'est engagé à céder sa place en 2014. Ailleurs, les choses sont plus compliquées. Exemple : le Parti des travailleurs, conduit par Louisa Hanoune depuis 1989, date de sa création. Dirigeant son parti d'une main de fer, Mme Hanoune a réussi à éclipser tous les autres dirigeants de la formation. À tel point que pour les législatives, elle propose de mettre uniquement sa photo sur tous les bulletins de vote du PT ! Autre parti de gauche, autre leader inamovible : le FFS, dirigé par Hocine Aït Ahmed depuis 1963. Que sera le FFS après le départ de son chef historique ? Aït Ahmed a t il préparé une relève à la hauteur de l'histoire du parti et de sa figure emblématique ? L'on imagine très mal un FFS sans Aït Ahmed, dès lors qu'à ce jour, le parti n'a existé qu'à à travers cette personnalité. Ces dernières années, certains chefs de partis ont dû quitter leur poste après avoir été victimes de mouvements de redressement. C'est le cas de l'ancien chef d'Ennahda puis d'El Islah, Abdellah Djaballah. Pour éviter de subir le même sort une troisième fois, il a considérablement renforcé ses prérogatives dans son nouveau parti, le Front pour la justice et le développement (FJD). Les partis au pouvoir ne font guère mieux. Ahmed Ouyahia dirige le RND depuis 1999, après avoir écarté Tahar Ben Baïbeche. Ahmed Ouyahia, qui a également occupé les postes de chef du gouvernement, de Premier ministre et de ministre à plusieurs reprises, refuse de céder sa place. Il a même résisté à des tentatives de redressement. Le FLN a été marqué ces dernières années par une série de coups de force qui ont éjecté plusieurs dirigeants, comme Boualem Benhamouda, Abdelhamid Mehri et Ali Benflis. Abdelaziz Belkhadem, qui a pris la direction du parti en 2005, fait face depuis l'année dernière à un mouvement de redressement. Mais il refuse de remettre son mandat en jeu.