Dans une note au secrétariat national du 21 mai 2012, Hocine Ait Ahmed a évalué la participation du FFS dans la bataille des législatives et soulevé, par la même occasion, les manquements au devoir de certains responsables. Cela dit, bien que la participation soit tactique, les engagements du FFS sont affirmés, avec acuité, tout au long de la campagne. Hélas, à 50 ans d'intervalle, durant lequel le régime s'est maintenu par la force, les reproches sont quasiment similaires. En tout cas, ils sont démontrables et fondés. De toute évidence, si en juillet 1963 Hocine Ait Ahmed avait « décidé de mener une lutte politique ouverte contre le régime socialo-mystificateur », en mai 2012 la situation n'a pas trop évolué, notamment sur le plan des libertés politiques. Ainsi, malgré la participation du FFS aux élections du 10 mai tablant sur la mobilisation de la société, le régime, quant à lui, est resté insensible aux velléités de changement, et ce bien que les promesses de changement soient légion. En réalité, sans la mobilisation des pans entiers de la société, peut-on s'attendre à un changement « quand ces élections se déroulent dans un pays où un régime autoritaire se maintient par la force et la fraude, la mainmise sur les instruments de régulation, la corruption généralisée et la manipulation des faiblesses d'une société durement éprouvée par une décennie de violence ? », s'interroge le président du FFS. En tout cas, dans ses différents messages, Ait Ahmed –et c'est le moins que l'on puisse dire –a toujours estimé que la méthode du pouvoir n'aboutirait pas à une réelle transformation, si la démarche ne changeait pas. Tout compte fait, en privant, dès l'indépendance, le peuple de prendre son destin en main, le régime avait réduit l'Algérie à un club fermé où les intérêts privés primés sur le reste. Du coup, après trois décennies de règne sans partage du parti unique, la situation a, par moment, évolué en Algérie. Et lorsque le peuple algérien avait, pour la première fois, la chance de sanctionner la politique du régime en place en 1991, il n'a pas hésité une seconde à le faire. Et pour que le pouvoir parvienne à sauver sa peau, il a fallu qu'il perpètre un coup d'Etat que rien ne justifiait à ce moment-là. Cependant, misant sur la solution sécuritaire pour résoudre le problème politique, le pouvoir a plongé le pays dans une crise abyssale. Résultat des courses : la loi du plus fort s'est imposée dans le pays. Toutefois, à la faveur des révoltes nord-africaines qui sont porteuses de changement, le FFS a décidé de participer aux élections législatives afin que le changement en Algérie se fasse sans violence. Et quoi qu'on puisse épiloguer sur les retombées de ces révoltes, Ait Ahmed a choisi la voie algérienne pour le règlement de la crise politique. Pour lui, on participe aux élections sans cautionner, de quelle façon que ce soit, la politique du régime. Par ailleurs, sur le plan interne, Ait Ahmed demande à ce que les responsables du parti soient à la hauteur de leur mission. En effet, si le chemin du changement, en Algérie, est long, il n'en reste pas moins que la famille politique du FFS devra se montrer exemplaire. « …à l'heure où notre appel à la réhabilitation du politique et de l'éthique politique trouve un écho au sein de la société, il serait intolérable que le parti ne donne pas lui-même l'exemple en la matière », insiste Hocine Ait Ahmed sur la marche du parti. En effet, le parti qui s'est opposé, dans les années 1990, à l'Etat policier et à l'Etat intégriste doit être, aujourd'hui, irréprochable sur sa façon de fonctionner. D'ailleurs, en dehors de ces projets tendant vers les extrêmes, il n'existe qu'une seule voie, la voie démocratique prônée dès le départ par Ait Ahmed. Par conséquent, en choisissant le combat démocratique, le FFS est appelé à rassembler les Algériens en vue de concrétiser son projet. Du coup, selon Hocine Ait Ahmed, « la construction du parti et la construction de l'alternative démocratique vont de pair. Plus que jamais auparavant. L'ouverture en direction de la société impose une rigueur dans le travail et une éthique politique sans failles. Deux choses impossibles à concrétiser sans le respect de la discipline militante et du parti.» D'une façon générale, le fonctionnement du parti doit être un modèle vers lequel tendront les institutions de notre pays. À cet effet, la valorisation de la démocratie au sein du parti doit être immanquablement affirmée à tous les échelons. On ne pourra pas reprocher aux détenteurs du pouvoir le verrouillage du champ politique, si les dirigeants du parti ne garantissent pas un débat sincère, serein, contradictoire (dans le cadre d'une confrontation d'idée) et franc. Quoi qu'il en soit, bien que le président du parti ait appelé, en novembre 2011, à une large concertation de la base afin de choisir l'option idoine [s'il y a des manquements, la direction devra assumer ses responsabilités], certains comportements, après le choix du parti, sont injustifiés. « L'éthique politique commence avec le respect de nos propres décisions », incrimine-t-il les militants indisciplinés. Dans ce cas, les mesures disciplinaires s'imposent afin que le parti reprenne sa marche normale. « Les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pressions que des individus ou des groupes d'individus ont menés en direction du parti lors de la campagne électorale ou après doivent faire l'objet de mesures exemplaires », tranche-t-il. En effet, quelle que soit la vertu politique dont l'homme est doté, le travail de sape ne peut pas être passé sous silence ni toléré. D'ailleurs, il représente un réel boulet que le parti aura du mal à trainer s'il ne le traite pas de façon déterminée. En outre, au moment où le pouvoir fait tout pour laminer l'opposition, les saboteurs internes entravent davantage la marche du parti plus que les coups d'estocades assenés par pouvoir en place.En somme, une fois les germes de la dissidence sont extirpés, le parti reprendra indubitablement son travail sans qu'il risque d'être parasité. D'ailleurs, bien que la campagne ait été perturbée quelque peu de l'intérieur, il n'en demeure pas moins que les idées du parti ont été largement audibles dans la société. Et avec l'apport de la société civile, le combat du FFS a pris une ampleur considérable. Pour Ait Ahmed, la rencontre entre le parti et la société constitue une chance pour la réalisation du projet démocratique en Algérie. Il note à ce propos : « Ensemble nous pouvons contribuer à l'émergence de nouvelles mœurs politiques. La conjugaison de nos talents et de nos forces peut ouvrir des perspectives bien au-delà de nos limites respectives.» Pour conclure, il va de soi que, dans l'état actuel des choses, la remise du mouvement dans la société dérange ceux qui souhaitent, sans doute, que l'Algérie reste immobile. Ceci explique peut-être les tentatives de déstabilisation tous azimuts. Mais, tant que la solidarité, la crédibilité et la vérité restent la devise du FFS, le combat pour la démocratie en Algérie ne s'arrêtera pas.