Deux rendez-vous capitaux, la rentrée sociale et la rentrée universitaire se préparent sans ministres après les limogeages de six ministres élus députés en mai dernier pour cumul de fonctions, un fait qui demeure rare depuis l'indépendance de l'Algérie. Depuis le 10 dernier, date à laquelle se sont tenues les législatives, et qui rappelons-le a enfanté des résultats qui ont été farouchement contestés par l'opposition, aucun nouveau gouvernement n'a été constitué pour prendre en charge les grands dossiers en panne à ce jour. En effet, six portefeuilles ministériels sont à pourvoir après l'élection de six ministres pour assumer un mandat de député. Fait rare, après 70 jours, des ministères sans gouvernail prendront en charge les préparatifs de la rentrée universitaire 2012 2013, alors que le département de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est toujours géré par un intérimaire, de surcroît un ministre déjà occupé à gérer son secteur. Elu député à l'APN, le ministre qui était en charge de ce secteur, en l'occurrence Rachid Haraoubia a quitté le gouvernement. Ce ministre a été remplacé par Hachemi Djiar, le ministre de la Jeunesse et des Sports. M. Djiar ne se rend presque jamais au siège du ministère de l'Enseignement supérieur. L'autre département important sans ministre est celui des Travaux publics, qui gère les plus grands projets d'infrastructures de base du pays. Amar Ghoul, élu député, a laissé sa place à Nouredine Moussa. Ce dernier n'arrivait déjà pas à gérer convenablement son ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, comme en témoigne l'anarchie qui règne dans ce secteur. Comme les Travaux publics, le département des Transports qui s'occupe également de grands projets comme le tramway et le métro attend toujours la nomination d'un ministre à sa tête. Amar Tou, élu député, l'a quitté et le président de la République l'a confié à Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau. Plus inquiétant, à 40 jours d'une rentrée sociale toujours difficile, le ministère du Travail est entre les mains d'un intérimaire, Djamel Ould Abbès, qui a déjà la lourde tâche de gérer et de redresser le secteur de la santé, de mettre fin aux pénuries de médicaments et d'améliorer la gestion des hôpitaux publics. La rentrée sociale se déroule dans un contexte marqué par une poussée de l'inflation qui nuit au pouvoir d'achat des ménages et le mouvement de protestation des gardes communaux qui campent aux portes d'Alger et menacent de marcher sur la capitale. Le maintien d'un gouvernement amputé de plusieurs ministres, plus de 70 jours après les législatives, est un nouveau message négatif qui va accentuer le discrédit des ministres et de la classe politique. Ce maintien pourrait signifier que finalement les ministres ne servent pas à grandes choses en Algérie. Cette situation léthargique ne peut qu'augurer à des surprises inattendues que le président de la République doit y faire face.