« Quand je sais qu'on interdît aux ingénieurs de la DLEP de visiter les chantiers ; je n'en reviens pas ! », s'exprime la responsable de la DLEP au bout d'un souffle, la tête empêtrée entre tant de dossiers étalés lors de sa conférence de presse. Une petite phrase pour résumer l'épouvantable héritage de gestion des grands projets échus de l'ex-Exécutif de wilaya, et situer la direction de la petite fléchette lourde de sens et, d'accusation surtout. Cette conférence de presse a été organisée suite à l'article de Réflexion « un parfum de scandale dans la gestion de certains projets à Mostaganem » que Mme la DLEP juge comme « dénué de fondement d'un point de vue déontologique ». Seulement, le bref jugement à l'égard de notre dite livraison, n'a pas pour autant gardé la responsable de la Direction du Logement et des Equipements Publics de brosser un tableau plus que noir sur la situation de la DLEP pour ce qui est de la période d'avant sa venue, « un laps de temps après l'installation de l'actuel wali », dit-elle. Ce que l'on ne peut plus clair, qu'une mise en doute du travail de l'Exécutif de l'ancienne wali. D'ailleurs c'est dit autrement : « A la venue du wali les projets étaient sérieusement en souffrance ». D'où la demande de ce dernier à Mme la DLEP, de procéder à un diagnostic exhaustif. En fait, pour une chevronnée directrice figurant parmi le jury national des concours d'architecture, il y a lieu de dire que la dame sait bien de quoi parle-t-elle. « La laideur qui caractérise les projets de Mostaganem ; ça suffit ! » Une manière de résumer la piètre image qu'ont donnée les ex-responsables à la ville de Mostaganem de par tant de gabegie. « Je me demande à bien des égards pourquoi avoir urbanisé La Salamandre avec du social et de la sorte ? » Et des charges, Mlle la DLEP en citera une bonne panoplie. Le cas du fameux projet de la faculté de médecine. « Le projet relève du programme de 2007 et était encore à l'arrêt à notre venue (en fin 2010, ndlr). Dans d'autres wilayas c'était déjà délivré en 2009. C'est un projet minime et nullement un projet du siècle en parlant de 4.000 places ». Quant à la résiliation du contrat du bureau d'études qui le supervisait, elle fut en raison « du manquement à ses obligations », précise la conférencière avant de s'attaquer à certains détails, bien croustillants du reste pour en juger de la gabegie menée au nom du développement. L'hôpital : « Non pas à l'honneur de l'ex-exécutif mais celui qui le finit .» « Ce projet a été projeté sur 4 hectares -alors qu'un hectare et demi aurait suffi-, sans compter le chevauchement sur l'hôpital et le fait qu'il fût démuni de son amphithéâtre. A janvier 2011, après 5 ans de son lancement, il n'était réalisé que 50% des grandes œuvres sur une superficie qui a couté à l'Etat 20 milliards pour son expropriation. Nous avons repris le dossier avec le meilleur bureau d'études de la wilaya et nous avons apportés des correctifs. Le premier était incapable de mettre ne serait-ce que des rideaux...ce qui a relevé le cout de cette infrastructure de 120 à 169 milliards ». Un peu plus loin, elle ajoutera à propos du projet en question : « Il sera néanmoins fin prêt pour l'année 2013/2014 dans de bonnes conditions, non pas à l'honneur de ceux qui l'ont lancé mais de ceux qui l'ont achevé ». « L'on faisait tout pour faire trainer les projets ! » Autre projet décortiqué par Mme la DLEP, la bibliothèque centrale, inscrite en 2009 mais qui n'était pas encore lancée en 2011. « C'est un dossier qui a aussi vu des rectificatifs pour les bonnes normes ». Ajoutant un peu plus loin, « idem pour les 2000 lits à Kharrouba et les 2000 lits au bas Mazagran, du fait de problème d'avenant et parce que le bureau d'études était dans le tort de par l'irrespect du cours de l'objectif ». Le cas pareil du bureau d'études concerné par l'autre fameux théâtre « entièrement rémunéré à hauteur de 4,5 milliards pour des études non finalisés ! A ma venue, le théâtre était seulement à 50% pour ce qui est seulement de la carcasse, et sans permis de construire et l'avis de la protection civile. L'état dans lequel nous l'avons pris avec le bureau d'études qui a eu l'honneur de réaliser la cours de Tlemcen, laissait entrevoir en fait, un tout petit théâtre, sans parler du fait qu'il fût plagié sur celui d'Oran. Nous avons ainsi revu la charpente, le système de désenfumage, la climatisation, comme nous avons réalisé le gros lot de VRD. C'est-à-dire, en un an et demi, nous avons fait 2 tiers des travaux. Or, le mauvais lancement de ce projet, « va donner une toute petite salle de spectacle », estime avec franchise la responsable qui n'a pas manqué de s'étaler sur le côté finances. « Son cout a commencé par 10 milliards et est actuellement à 72 milliards. Ça veut dire que l'ex bureau d'études a été rémunéré à raison de 300%. J'ai compris que l'on faisait tout pour faire trainer les projets ! »
« Des projets non pas à l'arrêt mais à l'abandon ! » L'école des beaux arts est aussi parmi les projets incriminés. « Ce n'est pas un projet majestueux et tous les correctifs ont été faits par le maitres d'ouvrage (l'actuelle DLEP, ndlr). Nous sommes solvables ». Et pour un jugement professionnel, Mme la DLEP qui est dans cette fonction depuis 2001 et donc en mesure de donner une appréciation, le dit sans ambages : « la wilaya de Mostaganem n'a pas ratissé gros au quinquennat 2005/2009 ». Le cas du conservatoire de musique lui aussi en retard, qui est de 2007 et dont la conception a soulevé beaucoup de critiques de par sa conception nulle. « C'est presque un petit CEM ! Et ce n'est pas rattrapable. Là aussi, nous avons fait en un an et demi ce qui n'a pas été fait depuis 2005». Les projets relevant de la Jeunesse et Sport ne sont pas mieux nantis, comme celui de la piscine de Bouguirat, inscrit en 2006 au même titre que 2 autres dans la région. « Ce sont des projets qui étaient non pas à l'arrêt mais à l'abandon. Dans le secteur il n'y avait pas un seul projet de quoi être fière », en parlant de « la maturation des projets ». Pas moins de 30 projets étaient à l'abandon pour reprendre le chiffre de la responsable. Et des bêtises monumentales imputées aux bureaux d'études qui seront citées : l'autre CPI qui donne son dos au boulevard, l'hôpital de Mostaganem qui a été calqué sur celui de Témouchent et qui, pour le comble, a été réalisé à l'inverse avec plein de bêtises. Pour paraphraser la conférencière, c'est à se demander si c'est un bunker ou un pénitencier ! « Côté parasismique, c'est conforme. Mais tout ce qui est du reste pose problème. Et il va y avoir de la casse dedans. Il s'agit d'erreurs fatales. C'est un ouvrage catastrophique où des blocs opératoires ont été conçus comme des salles de classe. C'est un constat amer ». Ce qui fera commenter la dame en ces termes là, « j'avais à l'esprit qu'on allait attaquer un nouveau quinquennat ». Et dire que cet hôpital qui a vu consommé 224 milliards, « aura encore besoin d'argent. Comme l'on va le relooker », ajoutera la dame. Enfin, pour un retour aux normes, la DLEP qui se dit ne plus accepter des bureaux d'études fonctionnant avec des novices architectes du DIAP, avance également « qu'elle dispose de quelque 80 bureaux sur le rôle et qu'il y ait assez de travail pour tout le monde ». Ce qui ne l'empêche pas de placer un autre commentaire de taille : « je m'ennuie à mourir à La Salamandre. Vous la trouvez belle à voir ? » Tout comme le siège du cabinet de la wilaya qu'elle décrit : « le mauresque ce n'est pas pour Mostaganem. Peut être pour une ville comme Tlemcen. Et la création architecturale ce n'est pas le copier coller. Pour se demander à la fin : « est ce que c'est logique qu'une ville comme Mostaganem ne dispose d'aucun projet à présenter au concours national des idées ? »