Alors que l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Bernardino Léon, tire sa révérence et que le dialogue inter-libyen de Skhirat semble finir en eau de boudin, les bruits de bottes se font entendre plus fort chez les protagonistes sur place, suscitant de plus vives craintes et appréhensions parmi les voisins de la Libye, particulièrement la Tunisie et la l'Egypte et bien entendu l'Algérie. À Tunis, le gouvernement se dépense en assurances sans négliger pour autant les préparatifs de réponse à toute éventualité. Le dispositif mis en place par l'Armée, la Garde nationale et la Douane comporte est doté des effectifs nécessaires pour garantir l'intégrité du territoire tunisien et s'opposer à n'importe quelle menace provenant du Sud du pays, a assuré le porte-parole du ministère de Défense Belhassen Oueslati, dans une déclaration à Africanmanager, affirmant, au demeurant, que le ministère a pris toutes les mesures nécessaires en prévision de l'évolution de la situation en Libye. On ignore si parmi ces mesures figure le déploiement de plus de 15 000 hommes de troupes pour sécuriser toute la bande frontalières entre la Tunisie et la Libye, et ce en prévision de la fin de la mission de Bernardino Léon, comme le bruit en a couru, mais il en est fortement question. En tout cas, il est établi que l'institution militaire a élaboré une stratégie de contrôle des frontières tuniso-libyennes. Le ministre de la Défense, Farhat Horchani, dans une interview au quotidien Al Maghreb, a confirmé le déploiement sur la bande frontalière sans en préciser les effectifs, tout en signalant le début de la mise en place d'un dispositif défensif avec le creusement de tranchées et la mise en place de monticules de sable, et autres obstacles, à l'effet de juguler la contrebande. Le ministre a affirmé que les forces armées contrôlent Jebel Chaâmbi, et les autres hauteurs utilisées par les groupes terroristes pour disposer de repaires et cachettes, notant cependant un recul du nombre des terroristes qui y sont retranchés du fait de l'activité des unités militaires. Il a promis que les terroristes seront éradiqués totalement, préconisant une maîtrise effective, qui sera d'autant plus possible après l'arrivée imminente de nouveaux équipements. La vigilance est donc de mise. D'autant que la solution politique semble avoir été abandonnée. Une semaine de réunions et de longues heures de discussions, entre les parties libyennes en conflit et l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, n'a abouti à aucun résultat positif significatif. La quatrième mouture du plan de sortie de crise onusien constitue le point de discorde entre les deux gouvernements et Parlements libyens parallèles qui refusent de céder sur certains points, même s'ils sont favorables à la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale. Le gouvernement installé à Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, refuse l'intégration du Parlement parallèle de Tripoli, sous le contrôle de la coalition islamiste Fajr Libya. L'ONU avait proposé en effet que des membres du Parlement de Tripoli fassent partie du Conseil d'Etat qui devrait être formé avec 120 membres issus de deux Assemblées, alors que le Parlement libyen élu, lui aussi installé à Tobrouk, sera la seule autorité législative. Tout semble agglomérer pour faire le lit d'une intervention militaire. Déjà, le ministre égyptien des Affaires étrangères, a averti que si la communauté internationale ne prenait pas de décision immédiate d'armer l'armée libyenne, la Libye se transformerait en un Iraq-bis.