Une grève de trois semaines d'affilée c'est trop ! Pour les enseignants de tous les corps confondus ce n'est peut-être pas assez mais pour les élèves c'est trop. Les enseignants ont fait grève pour protester contre ce qui ne va pas et pour revendiquer leurs droits. Mais face au droit il y a aussi le devoir. La grève est un droit reconnu par la constitution et personne ne dira le contraire. Certes ! Mais chaque fois qu'il y a eu débrayage a-t-on réellement pensé aux élèves qui s'ennuient le temps que durera la grève. Nous les avons vus parqués dans les cours des établissements, hormis quelques uns qui, peut-être plus sensibles, craintifs ou soucieux de leur avenir, se retirent dans un coin à deux, trois ou plus pour réviser leurs cours mais réviser quoi ? Que peuvent-ils bien réviser, puisque la rentrée scolaire à peine entamée les voilà, de nouveau, «sécher » les cours malgré eux. La reprise des cours vient d'être annoncée mais elle n'est pas généralisée. Certains enseignements font la moue. La grève de trois semaines, survenue en plein milieu du premier trimestre de l'année scolaire, est venue casser le rythme, surtout pour les nouveaux élèves passant en classe de première année secondaire pour lesquels tout change. Le lycée n'est pas le CEM. Il leur faudra un certain temps pour se réadapter au nouveau rythme imposé par le nouvel établissement. Et ne perdons pas de vue que les vacances d'hiver sont pour bientôt, donc une seconde cassure qui s'impose et qui se traduit par une nouvelle suspension des cours pendant deux semaines. A partir de janvier 2010, les élèves auront, en plus des cours réguliers, conformément au programme pédagogique annuel, à rattraper le retard considérable accusé en novembre 2009. Revendiquant la révision du statut particulier, l'intégration de milliers de contractuels et l'accès à la retraite après 25 ans de service, le conseil des lycées d'Algérie (CLA) n'a pas suspendu la grève. Ce qui suppose que certains cours n'auront pas lieu. Les élèves auront donc à attendre que les enseignants adhérents au CLA reprennent leur service. Le Cnapest, pour sa part, annonce une reprise provisoire, voire déguisée, des cours, étant donné qu'il menace de reprendre la grève s'il n'obtient pas satisfaction avant le 27.12.2009, date butoir. Pour ce qui est du calendrier de rattrapage, qui fait beaucoup de bruit en ce moment, quel que soit sa conception, ce sont les élèves qui subiraient les conséquences de la grève parce qu'ils auront à sacrifier leur temps libre durant lequel, en temps habituel, ils révisent leurs cours pour mieux se préparer aux compositions. Même si les responsables du Cnapest rassurent, en avançant qu'ils peuvent rattraper le retard en ayant recours à des méthodes techniques, de par leur expérience. Qui dit retard à rattraper dit travail supplémentaire, pour absorber le programme pédagogique annuel dans son intégralité, selon le rythme préétabli par la tutelle. Il faudra alors mettre les bouchées doubles pour qu'en mai 2010 le programme aura été achevé. Le programme pédagogique étant lui-même surchargé, les élèves devront passer à la vitesse supérieure pour être au rendez-vous des examens de fin d'année sans « laisser des plumes ». Et que dire des compositions de ce premier trimestre, étant donné que le programme a été perturbé par la grève de trois semaines ? Les choses peuvent paraître simples, à priori, mais il n'en demeure pas moins que la réalité est tout autre, même si certains ont tendance à minimiser le problème. Il faut savoir que dans le lot, au niveau de tous les paliers, il y a trois catégories d'élèves : les doués, ceux qui ont les capacités d'assimiler rapidement, les moins doués, c'est-à-dire les élèves moyens qui travaillent, selon un rythme particulier et il y a ceux qui éprouvent des difficultés tout au long de l'année, à suivre le rythme proposé pour diverses raisons. Ces derniers travaillent selon leur état d'âme. Ceux qui parlent de calendrier de rattrapage tiennent-ils compte de tous ces paramètres ? Le programme pédagogique s'applique à l'ensemble des élèves, sans distinction aucune. A présent, après avoir subi la grève, les élèves devront sacrifier leur temps libre, voire aussi des heures de sommeil, pour parvenir à bout du retard accusé durant les trois semaines de grève. Les parents devront, eux aussi, s'impliquer pour soutenir leurs enfants et leur fournir tout ce dont ils pourraient avoir besoin. Quant aux parents qui n'ont ni le temps ni les moyens, c'est une autre paire de manches. Telles sont les conséquences d'une grève en milieu scolaire, plus particulièrement !