International Crisis Group, l'ONG internationale, à but non lucratif, dont la mission est de prévenir et résoudre les conflits, vient de publier la synthèse de son rapport concernant le Moyen-Orient et l'Afrique du nord ce 12 octobre 2015. Le rapport met l'Algérie en tête des pays considérés comme ‘'la clé de toute stabilité en Afrique. Le rapport révèle que l'Algérie a joué un rôle important, parfois crucial, dans les crises politiques et sécuritaires de ses voisins. L'Algérie est en passe de devenir un intermédiaire indispensable de la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel. Alors que l'insécurité, l'ingérence étrangère et la polarisation augmentent partout dans la région, ce pays a promu, à certains moments importants, le dialogue et le renforcement de l'Etat comme les meilleurs moyens pour sortir ses voisins de la crise et préserver dès lors sa propre sécurité à long terme. Ce que d'aucuns appellent « le retour » de l'Algérie à la politique régionale, après une longue absence depuis sa guerre civile ou « décennie noire » dans les années 1990, a été positif à bien des égards : son approche de la promotion de l'inclusion et du compromis pour stabiliser ses voisins, mue par un intérêt personnel éclairé, offre une occasion à un système international qui a lutté pour faire face aux défis engendrés par les soulèvements arabes. Mais les ambitions algériennes ont des limites auto-im¬posées. Après plus d'une décennie passée à privilégier les relations avec les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), l'Algérie « recalibre » sa politique étrangère. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, un diplomate de carrière et africaniste respecté, a revitalisé la diplomatie à l'égard du continent et ses environs, démontrant ainsi le souhait de son pays d'être le point d'ancrage d'un voisinage perturbé. Cela a été en partie une réaction nécessaire à des turbulences sans précédent aux frontières de l'Algérie. Le long d'une grande zone de l'est et du sud de ses frontières terrestres de 6 500 kilomètres le pays doit en effet composer avec des Etats grandement affaiblis et des menaces jihadistes. Les soulèvements arabes et la crise malienne et leurs conséquences suscitent pour la première fois en Libye, en Tunisie et au Mali, tout comme dans la vaste région du Sahel, des risques liés à la sécurité transfrontalière. Depuis le bouleversement régional de 2011, l'Algérie a joué un rôle important, parfois crucial, dans les crises politiques et sécuritaires de trois de ses voisins. En Libye, elle a soutenu les négociations de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et mené sa propre diplomatie discrète depuis la mi-2014 pour réconcilier les factions belligérantes. Au Mali, elle a accueilli les pourparlers tenus sous son égide entre le gouvernement et les factions rebelles du nord, pour stabiliser le pays et pour empêcher également le sécessionnisme du nord. En Tunisie, elle a appuyé de manière discrète mais cruciale le consensus entre les islamistes et les laïcs qui a été la source de la stabilité de ce pays depuis 2014. Lamamra et d'autres hauts responsables ont dans ces cas-là défendu les solutions politiques plutôt que la polarisation, l'agitation sociale et les conflits armés. Compte tenu de la rareté des acteurs capables et désireux de jouer un rôle constructif dans la région cela est très positif, en particulier au Sahel qui est peut-être le plus grand espace non gouverné au monde, tout du moins partiellement. Longtemps portée sur les relations d'Etat à Etat, l'Algérie a engagé par ailleurs, des relations diplomatiques traditionnelles en nouant des liens avec les acteurs non étatiques mais influentes dans la région des conflits pour pouvoir arracher la paix autour d'une table qui rassemble les deux opposants (pouvoir et opposition), comme celui du cas du Mali.