Le gaz naturel et le GNL représente environ 33% des recettes de Sonatrach et avec les dérivées du gaz plus de 60% dont une partie des réserves aux frontières libyennes avec les dérivées 97/98% des exportations, la totalité des hydrocarbures. Les fournisseurs veulent imposer une baisse des prix à l'Algérie et de reconduire les contrats à terme au même prix. Le 22 février 2016, le cours du Brent a été coté à 34,66 dollars, le WIT 33,34 dollars et la cotation du dollar/euro à 1,1025, cette appréciation de l'euro expliquant en partie cette relative hausse récente. Le prix de cession du gaz naturel en bourse est coté sur le marché libre à 1,80 dollars le MBTU le 22 février 2016 contre 2,83 dollars en juillet 2015 alors qu'il dépassait il y a deux années 4/5 dollars le MBTU. Comme se pose la sécurité des installations avec les tensions géostratégiques aux frontières, une grande partie des réserves de gaz étant à la frontière libyenne, posant le problème de la sécurité nationale. Ce qui occasionnera un cout additionnel, devant dorénavant inclure les couts de sécurité, en plus des couts d'exploitation et de transport. Parallèlement, du fait des subventions généralisées, d'un modèle de production et de consommation intérieure énergétivore, ( très forte consommation intérieure) , outre le gaspillage, le risque est l'accélération de l'épuisement des réserves et la réduction substantielle des exportations. C'est pourquoi le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a présidé le 22 février 2016 un Conseil restreint consacré à la politique nationale dans le domaine du gaz avec les orientations suivantes : la poursuite et l'intensification de la prospection des ressources en gaz naturel, insistant également sur le respect des plannings d'amélioration des capacités de production des gisements déjà en cours d'exploitation, la dynamisation du programme de développement des énergies renouvelables adopté en Conseil des ministres en mai 2015, soulignant que ce programme doit être considéré comme une priorité nationale et enfin des efforts de rationalisation de la consommation nationale d'énergie en général, dont le gaz naturel, y compris à travers la consommation. L'objet de cette présente contribution qui reprend bon nombre de mes interventions au niveau national et international est de poser la problématique de la sécurité énergétique de l'Algérie et de développer les cinq axes futurs de la politique énergétique, incompréhensibles sans analyser les nouvelles mutations énergétiques mondiales. 1.-La sécurité énergétique impose un nouveau management stratégique Le ministère de l'Energie et Sonatrach ont besoin en urgence d'un nouveau management stratégique. Car le problème est de savoir si face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, à la concurrence notamment russe, qatarie, récemment américaine et bientôt iranienne, le Ministère et Sonatrach ont une stratégie gazière et pétrolière. C'est que le 22 février 2016 , le cours du Brent a été coté à 34,66 dollars, le WIT 33,34 dollars et la cotation du dollar/euro à 1,1025, cette appréciation de l'euro expliquant en partie cette relative hausse récente. Le prix de cession du gaz naturel en bourse est coté sur le marché libre à 1,80 dollar le MBTU le 22 février 2016 contre 2,83 dollars en juillet 2015 alors qu'il dépassait il ya deux années 4/5 dollars. L'Algérie a des réserves de pétrole de 10 milliards selon les données du conseil des ministres du 06 octobre 2015 et 2700 milliards de mètres cubes gazeux. Les réserves prouvées de pétrole traditionnel sont les suivantes selon les données internationales de 2012/2013 :- Arabie Saoudite, 266 milliards avec 22,10%, l'Iran 158,13 soit 10% et l'Irak 140, 11,70% et loin derrière, le Koweït avec 102, les Emirats 98, la Russie 90, la Libye 49, le Nigeria 38. Pour les réserves prouvées de gaz naturel traditionnel la Russie vient en tête avec 48.000 milliards de mètres cubes gazeux, l'Iran 34.000, le Qatar 25.000, le Turkménistan 25.000 l'Arabie Saoudite 8000, les USA, 7100, les Emiraties 6100, le Venezuela 5200, le Nigeria 5100. Ainsi, pour l'Algérie, loin des sentiments, il y aura lieu de tenir compte de la concurrence du Qatar, de la donne libyenne qui avec des réserves de 1500 milliards de mètres cubes gazeux non exploitées et des nouvelles découvertes en Afrique et dans d'autres contrées du monde avec les nouvelles révolutions technologiques qui abaissent les couts. La stratégie de Gazprom, grande société internationale dynamique cotée en bourse, ce qui n'est pas le cas de Sonatrach, à travers le North Stream et le South Stream qui a été gelé transitoirement, est offensive. Pour Nord Stream, le 8 novembre 2011 a été inauguré en Allemagne, qui permet l'acheminement de gaz russe en Europe. La première conduite, d'une capacité de 27,5 milliards de mètres cubes, contournant l'Ukraine est opérationnelle. Une deuxième est en cours de construction doublant la capacité de la liaison. Quant au projet de South Stream, s'il venait à être terminé puisque 70% ont été déjà réalisés, concurrent direct de l'Algérie, il doit alimenter en gaz russe l'Europe occidentale, notamment la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie et l'Autriche, la Grèce et l'Italie, via la Mer Noire et les Balkans. D'une capacité de 63 milliards de m3 de gaz, le tronçon sous-marin devait entrer en service en 2015. L'ensemble de ces projets remet en cause le projet algéro-italien Galsi dont le cout ramené aux capacités et à l'investissement par rapport au South Stream serait supérieur de près de 15%. Cela pose le problème de sa rentabilité, Ce projet devait relier directement l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, pour un investissement entre 2,5 et 3 milliards de dollars initialement, mais dont le coût dépasserait actuellement 4 milliards de dollars alors que la mise en service était prévue pour 2014. Il semblerait que la majorité des élus de la Sardaigne s'opposent pour l'instant à la réalisation de ce projet du moins dans le tracé traditionnel pour des raisons écologiques et autres et du fait de l'autonomie de cette région, le gouvernement central italien ne pouvant rien faire sans l'aval des élus locaux (voir notre interview diffusée à la TV française France 3 en présence des élus de la Corse, 2012). Gazprom, le Qatar, l'Iran, bientôt d'autres pays notamment africains et le boom de production américaine pétrole/gaz de schiste concurrencent la production algérienne. Les USA, produisent un pétrole de qualité similaire expliquant que les échanges avec les USA, sont passés de plus de 12 milliards de dollars par le passé à environ 5 milliards de dollars actuellement. L'Algérie ne va-t-elle pas donc perdre des parts de marché avec l'arrivée de ce nouvel exportateur? Autre contrainte qui limite la manœuvre de Sonatrach où d'ailleurs aucune information sur la rentabilité de ses investissements à l'étranger notamment au Pérou, le projet NIGAL (Gazoduc reliant la région du Nigéria) à l'Algérie et l' Europe, soit 2500 km sur le territoire Algérien, 750 km sur le territoire du Niger, 1300 km sur le territoire Nigérian, prévu pour le transport de 20 à 30 milliards de m3 par an, en majorité vers le marché européen pourra-t-il permettre d' accroître les capacités d'exportation? Avec un coût prévu initialement à 7 milliards de dollars, son cout dépasserait 2O milliards de dollars selon une étude du 28 avril 2O11 de l'institut français des relations internationales IFRI. Ce projet financé pour partie par l'Europe avec la crise d'endettement est –il réalisable d'autant plus que comparé aux canalisations russes, son coût est trop élevé. Enfin concernant le GNL, l'Algérie pourra-t-elle du fait des faibles capacités et de la déperdition de ses cadres, avoir été par le passé leader dans ce domaine, concurrencer le Qatar, l'Iran proche de l'Asie ,la Russie , et surtout tenant compte du coût de transport devant contourner toute la corniche d'Afrique pour arriver en Asie , liant forcément son marché naturel à l'Europe ? Et c'est là que rentre la concurrence et les décisions du Conseil européen a approuvé l'accord énergétique stratégique entre l'Algérie et les 27 pays de l'Union européenne signé par le premier ministre algérien le 07 juillet 2O13 et la visite du commissaire européen à l'énergie en mai 2015. Cet accord intervient donc dans un contexte particulier, marqué par des bouleversements profonds de la carte énergétique mondiale comme analysé précédemment et la partie européenne insiste sur la déconnexion des prix du gaz et du pétrole qui n'est plus en vigueur depuis au moins trois années. Qu'adviendra-t-il des prix du gaz algérien aussitôt les contrats à moyen et long terme arrivés à expiration, l'Europe faisant pression pour une baisse des prix? Rappelons que dans le cadre de la renégociation de contrats de gaz à long terme par le groupe italien Edison qui a été repris par le groupe français EDF, Sonatrach a perdu en mars 2013, une affaire d'arbitrage où le groupe italien a obtenu la révision à la baisse des prix d'un contrat de fourniture de gaz naturel et ce sur décision, rendue par la Cour d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale avec un impact estimé à environ 300 millions d'euros (390 millions de dollars) sur l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) du groupe Sonatrach en 2013. Comme il y a lieu de prendre au sérieux que face à une demande en berne et une offre excédentaire, n'existant pas de sentiments dans les affaires, chaque pays voulant prendre des parts de marché cette information d‘une agence internationale. Ainsi, le Qatar et l'Inde auraient décidé l'écoulement du GNL qui risque d'avoir un impact sur toute l'Asie à 5/6 dollars le MBTU pour un contrat de 15/20 ans. Que fera prochainement l'Iran alors que la rentabilité pour l'Algérie du GNL pour arriver en Asie doit être de 14/15 dollars le MBTU et 9/10 dollars pour le gaz par canalisation ? 2.- sécurité énergétique : les six axes stratégiques pour l'Algérie Le constat entre 2014/2015 est que 96% de l'électricité est produite en Algérie à partir du gaz naturel, 3% à partir du diesel (pour les régions isolées du sud), 1% à partir de l'eau. Face aux contraintes analysées précédemment, il y a une urgence que le gouvernement axe sa stratégie pour une transition énergétique maîtrisable autour de six axes qui devront s'insérer dans le cadre d'une planification stratégique et donc avoir une politique économique cohérente et visible à terme. 2.1. Le premier axe ; revoir la politique des subventions et d'améliorer l'efficacité énergétique. La consommation nationale de produits énergétiques a quasiment doublé entre 2000 et 2014, et atteint 51 millions de TEP. Le marché intérieur 2013/2015 varie entre 35/37 milliards de mètres cubes de gaz. Ayant opté pour le doublement de la production l'électricité avec des turbines de gaz, l'on devrait s'orienter vers 60/70 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2030 de consommation intérieure. Avec les exportations et le taux de réinjection pour maintenir la production, le risque est l'épuisement des réserves de gaz naturel horizon 2030. C'est que le prix de l'électricité est plafonné suite au décret exécutif du 24 avril 2005 portant fixation des prix de cession interne du gaz naturel qui stipule que le prix de cession hors taxes du gaz naturel destiné à la production d'électricité et à la distribution publique du gaz, pour les besoins du marché intérieur, est fixé à sept cent quatre vingt dinars (780 DA) le millier de mètres cubes (1000 M3), le prix de cession hors taxes du gaz naturel aux utilisateurs industriels, y compris les autoconsommations des unités de liquéfaction et de traitement du gaz, les besoins des unités de raffinage et des activités de transport par canalisation, est fixé à mille cinq cent soixante dinars (1560 DA) le millier de mètres cubes (1000 M3), les prix de cession sont indexés, au 1er janvier de chaque année, selon la formule suivante : Prix de cession (n) = Prix de cession (i) x [ D (n)/D (i) ]x (1,05) (n-i). Selon les rapports de Sonelgaz la clientèle haute tension (gros consommateurs, NDLR) achète son énergie à 2,2 DA hors taxe, alors que le coût de revient est de 3 DA trouvant anormal que les sidérurgies, les verreries et les cimenteries, entre autres gros consommateurs, paient leur consommation au prix subventionné. Ainsi, le déficit de trésorerie de la Sonelgaz a été en 2015 de 80 milliards de DA. A cela s'ajoutent, les créances qui, elles, tournent d'une année à l'autre autour de 45 à 47 milliards DA. Deux solutions entre 2016 et 2017 : augmenter le tarif ou l'Etat donne une subvention d'exploitation. Pour l'avenir se pose la question des prix de cession aux cimenteries, sidérurgie unité pétrochimiques en contradiction avec les règles de l'union européenne et de l'OMC qui interdisent la dualité des prix du gaz pour les produits à l'exportation. D'ailleurs ce la explique bon nombre de conflits entre Sonatrach et des opérateurs étrangers .En Algérie existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour les carburants et l'eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. A cet effet, une réflexion doit être engagée pour la création d'une chambre nationale de compensation, afin que toute subvention devra avoir l'aval du parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d'encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales mais impliquant une nouvelle politique salariale. Comme il est hasardeux de continuer dans l'actuelle politique tant du ministère de l'industrie que de l'habitat de la construction forte consommation d'énergie avec le mythe de construction avec du parpaing, de briques, de béton, de cimenteries et de sidérurgie alors que le monde s'oriente vers de nouvelles techniques. Selon une étude du Ministère de l'Energie, l'amélioration de l'efficacité énergétique pourrait conduire à des économies de 42 milliards de dollars sur 15 ans, avec 60 milliards de dollars d'investissement prévu 2..2- Le deuxième axe : développement des énergies renouvelables. L'intérêt pour les énergies renouvelables s'est vu renforcé par une consommation intérieure en rapide expansion. Les générateurs au gaz produisent 98 % de l'électricité de l'Algérie. En outre, l'Algérie bénéficie de l'un des taux d'ensoleillement les plus élevés au monde, allant de 1 700 kWh par mètre carré dans le nord à 2 650 KWh dans le sud Le montant de l'investissement public consacré par l'Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l'échéance 2030, selon le Ministère de l'énergie est évalué à 100 milliards de dollars portant la capacité à 36.OOO mégawatt dont 10 000 MW à l'exportation. L'ex ministre de l'Energie et des Mines avait fait savoir en mai 2013 que l'objectif de l'Algérie de produire, dans les 20 ans à venir, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Avec la baisse que connaît le prix des panneaux solaires photovoltaïques. Selon les estimations des experts de l'agence Bloomberg, le prix de l'énergie solaire continuera de chuter jusqu'à devenir la moins chère du marché. «D'ici 2026, l'industrie énergétique solaire sera compétitive sur la plupart des marchés, et 25 ans après le coût du cycle vital d'une centrale solaire (fonctionnant avec des panneaux solaires) sera divisé par deux», relèvent les experts. L'actualisation de ce programme et du développement de l'efficacité énergétique permettra, à l'horizon 2030, un déploiement à plus grande échelle du photovoltaïque et de l'éolien, accompagnés à moyen terme de la production d'énergie à partir du solaire thermique. L'Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R'mel, d'une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. Pour aider à stimuler l'investissement privé, les projets d'énergie solaire et éolienne seront basés sur un contrat d'achat d'électricité de 20 ans garantissant des tarifs préférentiels pour l'électricité générée. Depuis avril 2014, le gouvernement propose un nouveau système de tarif. . Pour les projets dont la capacité varie entre 1 et 5 MW, l'électricité produite par les installations photovoltaïques est payée sur une base tarifaire de 16 Dinars algériens (0,14 €) par kWh durant les cinq premières années, un taux préférentiel distinct étant appliqué à ceux excédant 5 MW. Après la période initiale de cinq ans, les tarifs sont indexés sur un taux qui dépend de la performance. Les taux de tarif de rachat pour les projets renouvelables seront subventionnés par un prélèvement de 1 % sur les revenus pétroliers, pratiqué par le Fonds National pour les Energies Renouvelables et la Cogénération (FNER). 2.3- Troisième axe : l'investissement à l'amont. Le communiqué du Conseil des ministres, en date du 6 octobre 2015 a fourni un état des lieux, avec les données suivantes : la production d'hydrocarbures qui avait plafonné en 2007, à 233 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), a, par la suite, connu une régression continue pour atteindre 187 millions de TEP en 2012, avant d'amorcer une légère hausse l'année suivante, la consommation nationale de produits énergétiques a quasiment doublé entre 2000 et 2014, et atteint 51 millions de TEP et les réserves d'hydrocarbures s'élèvent à 4533 millions de TEP (soit 44% des réserves récupérables initiales), dont 1387 millions de tonnes de pétrole et 2745 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Il était prévu fin 2015 des rendements supplémentaires de gaz et de pétrole notamment au niveau des champs de Hassi Rmel, Hassi Messaoud, Berkine et El Merk ,qui devaient porter la production totale à 195 millions de TEP, permettant ainsi une hausse de 4,1% des exportations d'hydrocarbures. A court et moyen termes, le programme arrêté devait porter la production à 224 millions TEP en 2019, grâce à l'amélioration des taux de récupération des gisements, notamment ceux de Hassi Messaoud et de Hassi Rmel, l'accélération de la mise en exploitation des gisements en cours de développement à Ahnet-Tidikelt, Tinhert, Timimoum et Reggane et la poursuite de l'effort en matière de forages d'appréciation des découvertes réalisées, de forage de prospection dans les zones peu explorées, et d'activités sismiques. Selon l'agence APS citant Sonatrach , « durant l'année 2014, il a été produit l'équivalent de 131 milliards de m3 de gaz naturel, dont 27 milliards de m3 ont été exportés via gazoduc et 28 millions de m3 sous forme de GNL via des méthaniers. A moyen terme il est prévu d'augmenter la capacité de production pour atteindre les 151 milliards de m3 d'ici à 2019. C'est que l'Algérie a enregistré une baisse de sa production gazière ces dernières années, due essentiellement au recul de la production de Hassi R'mel, plus grand champ gazier qui est en production depuis 1961. Afin de redresser la production de ce champ, il a été prévu la construction de deux d'unités de compression de gaz qui devraient maintenir le plateau de production de ce méga gisement, ainsi qu'une troisième unité de compression pour booster l'extraction. Mais face au déclin de la production, Sonatrach a décidé d'intensifier l'exploration et le développement des nouveaux gisements avec un plan d'investissement qui s'étale de 2015 à 2019 est doté de 90 milliards de dollars. Mais au vu du cours entre 2016/2020, quelle sera la rentabilité si le prix se maintient en dessous de 60 dollars ? La Sonatrach a été contrainte récemment en 2016 de revoir à la baisse ses investissements. L'erreur stratégique est d'éviter de raisonner sur un modèle de consommation énergétique linéaire. Le passage du charbon aux hydrocarbures ce n'est pas qu'il n'y avait plus de charbon (200 années de réserve) mais que le monde a inventé un nouveau modèle de consommation énergétique grâce aux nouvelles technologies. Dans ce cas, ces investissements à court terme seront-ils rentables à l'horizon 2020/2025 ? A 50 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 21 milliards de dollars. A 40 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 15 milliards de dollars. A 30 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 9 milliards de dollars. A 20 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 3 milliards de dollars. Et à 10 dollars le baril, le solde est négatif en fonction du coût de production et du transport. Comment mobiliser les ressources financières suivant ces différents scénarios (se pose ici aussi la problématique de la rentabilité future des investissements projetés), le ministère de l'Energie vient de déclarer le 12 janvier 2016 que les programmes de Sonatrach (100 milliards de dollars entre 2015/2020 et de 30 milliards de dollars pour la même période pour Sonelgaz): endettement ou puisement dans les réserves de change, et que restera-t-il aux autres secteurs ? 2..4 Quatrième axe : l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques pour faire face à une demande d'électricité galopante, a affirmé le 19 mai 2013 le ministre de l'Energie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère de l'Energie. 2.5.- Cinquième axe : le pétrole/gaz de schiste, opportunités et risques L'option du gaz de schiste a été introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de janvier 2013 mais avec des gardes fous, la protection de l'environnement et de l'eau. Je rappelle que le président de la république et le premier ministre ont tenu à souligner que l'Algérie est à l'ère de l'exploration, et l'exploitation qui ne verra pas le jour avant 2020/2025 sous réserve du respect de l'environnement et de la rentabilité(le cout du forage d'un puits étant estimé en Algérie entre 15/20 millions de dollars contre 5/7 au USA). Le problème stratégique de l'Algérie est d'éviter des débats stériles étant une opportunité face à l'épuisement des réserves qui avec la très forte consommation intérieure, les ressources traditionnelles devant s'épuiser horizon 2030. De toute manière, au cours inférieur à 60 dollars, l'Algérie ne maitrisant pas la technologie, qui a un cout cela n'est pas rentable (3). Ce dossier sensible nécessite une formation pointue et posant une problématique sociétale, nécessite une bonne communication en direction de la société avec son implication par le dialogue. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il est exigé que ses dirigeants évitent de s'exposer aux débats, devant laisser au Ministre seul habilité politiquement, à exposer ses arguments. À ce titre, il est souhaitable qu'une institution indépendante soit créée, relevant non d'un département ministériel, évitant d'être juge et partie, mais du président de la République ou du premier Ministre associant la société civile, de toutes les régions concernées, des experts indépendants, des représentants du Ministère de l'Energie et d'autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. Et en précisant que l'institution la seule habilité à tracer la politique énergétique c'est le Conseil National de l'Energie que préside le président de la république et non le Ministère de l'Energie et encore moins Sonatrach. 2.6- Sixième axe : dépasser l'entropie actuelle. Comment ne pas rappeler que dans l'économie mondialisée d'aujourd'hui aucun prix n'a plus d'importance que celui du pétrole brut. Plus de 80 millions de barils sont produits et consommés chaque jour, dont la plus grande partie est vendue sur les marchés internationaux. Toute hausse ou baisse des cours du pétrole(le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) a des incidences directes sur les équilibres macro-économiques et macro-sociaux de l'Algérie. Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach qui a engrangé 760 milliards de dollars entre 2000/2014 et permis des importations de 585 milliards de dollars, la différence étant les réserves de change au 31/12/2014. Ce sont les recettes de Sonatrach qui ont permis , l'importance de la dépense publique , contribuant à la croissance du PIB directement et indirectement à plus de 80% donc déterminant à la fois à plus de 70% de la valeur du dinar et du pouvoir d'achat des Algériens., Selon le bilan officiel de la banque d'Algérie en 2014, la sortie de devises pour les importations de biens et services a été de 71,14 milliards de dollars (11,70 pour les services) sans compter les transferts légaux de capitaux des firmes étrangères approchant donc les 76 milliards de dollars alors que les recettes de Sonatrach ont été de 58,34 milliards de dollars en 2014 avec un cours moyen pour 2014 de 85 dollars et qui risquent d ‘être divisé par deux pour 2016. En résumé, l'évolution du marché énergétique mondial ainsi que les tensions géostratégiques à nos frontières et notamment en Libye impose pour l'Algérie des stratégies d'adaptation, l'objectif étant de réaliser, grâce à une vision claire loin des replâtrages et de l'activisme du court terme, la transition d ‘une économie de rente à une économie hoirs hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. C'est que l'Algérie après plus de 50 années d'indépendance exporte toujours 97/98% d'hydrocarbures avec les dérivées et importe 70% des besoins des ménages, des entreprises publiques et privées. L'entrave principale au développement en Algérie provient de l'entropie et le défi majeur, est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable. En ce monde turbulent et incertain, annonçant de grands bouleversements géostratégiques militaires, politiques et économiques à nos frontières, où les batailles futures pour le développement sont conditionnées par la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, l'Algérie malgré la chute du cours des hydrocarbures, a l'ambition de ses choix nécessitant une vision stratégique du développement tenant compte des nouvelles mutations mondiales. Concernant l'énergie, un large débat national s'impose pour définir le futur modèle de consommation énergétique devant s'orienter vers un MIX énergétique. NB-Voir à ce sujet mon interview au quotidien arabophone Chaab 23/02/2016 et à l'agence officielle algérienne APS – vidéo disponible- que vous pouvez écouter 24/02/2016 APS VIDEO