Parmi les situations les plus désastreuses, il en est qui vous laissent perplexe. Telle la situation d'une femme, parmi les citoyennes, prise dans l'embarras en ce mois de piété et de miséricorde. Rassurez-vous ! Ce que nous allons vous raconter n'est guère une histoire banale, inventée. D'ailleurs des histoires de ce genre sont rares. Dimanche dernier, juste à la fin de la prière du Dohr (début d'après-midi), après que l'imam eut prononcé « as salamou alaykoum », une voix grave et chaude avait retenti à l'intérieur de la salle de prière de la mosquée Badr, du centre ville. Surpris, les fidèles se retournèrent tous, oubliant même d'achever leur prière par les habituelles invocations. Là, parmi les fidèles, se tenait une dame d'un certain âge, modestement habillée, pleurant à chaudes larmes. On eut cru que les larmes jaillissaient de ses entrailles. Soudainement, elle s'adressa aux fidèles en ces termes : Ô fidèles ! Ô fidèles ! Je jure par Allah le Tout Puissant que mes enfants et moi-même n'avons pas mangé la veille ». Les bras levés vers le ciel et jurant par sa prière et son jeûne que ce qu'elle dit est pure vérité. Elle ne cessa de pleurer. Les fidèles, dans presque leur majorité, se levèrent et se dirigèrent vers la dame en pleurs. Certains tentèrent de la rassurer mais en vain. Touchés dans leur cœur, les fidèles firent l'humble geste que tout musulman, craignant Dieu, aurait fait dans de telles circonstances. Chacun, selon ses moyens, déposa dans les mains tremblantes de la dame quelques sous qui lui ont sans aucun doute permis de préparer de quoi manger à ses enfants. Très certainement, cette dame ne fait pas partie du lot de ceux et celles qui font de la mendicité une profession. Elle n'en avait nullement l'air. Des scènes de ce genre nous en avons vues plus d'une fois. Ceux qui surgissent dans les mosquées à la fin des prières pour demander secours n'ont pas d'autres solutions. C'est le seul li et les seuls moments où ils peuvent espérer obtenir l'aide des concitoyens. Il nous semble, face à de telles situations, que les responsables concernés ignorent le nombre exact de familles démunies et sans ressources, résidantes dans leurs communes respectives. C'est à se demander aussi à quoi servent les statistiques ? Et ce n'est pas le misérable couffin de ramadhan, distribué une fois l'an, qui va permettre aux familles démunies, n'ayant presque aucune ressource, de tenir le coup douze mois durant. S'il n'y avait pas les poubelles des marchés de fruits et légumes que mangeraient ces familles ? Faudrait-il que d'autres femmes viennent pleurer dans les mosquées pour que l'on prenne enfin conscience de la triste et désolante situation dans laquelle se trouvent certaines familles vivant dans l'anonymat ?