Le 6 février dernier, les dénommés H.C. et T.H. ont demandé à leur voisin de quartier, transporteur clandestin à Chlef, de les conduire dans sa voiture à Maghnia pour acheter des téléphones portables introduits frauduleusement du Maroc pour les écouler de manière informelle dans leur ville . L'hésitation du chauffeur de taxi clandestin a été vaincue par l'insistance des clients et la somme de 12.000 DA proposée pour la course. Une fois le marché conclu, on fixe la date de départ pour la semaine suivante. Le 13 février les voyageurs prennent place à bord de la Hyundai de type « Accent », un modèle assez prisé par certains amateurs de voitures automobiles. En toute confiance le conducteur démarre en direction de la frontière marocaine par la nouvelle autoroute Est-ouest, alors que la nuit était déjà tombée. Tout se passe très bien jusqu'à l'entrée de Mars-El- Hadjadj. Arrivé à cet endroit, le dénommé H. Ch. demande au conducteur de s'arrêter pour lui permettre d'aller satisfaire un besoin naturel. Rien de plus anormal pour les voyageurs dans les parcours de longues distances. Soudain, c'est le portable du passager resté dans la voiture qui sonne, en le portant à son oreille il entend la voix de celui qui était sensé aller faire ses besoins lui crier : « vas-y ! Egorge-le ! Egorge-le, vite ! » Sans plus attendre, le dénommé T.H., assis à l'arrière, immobilise les bras de sa victime et lui relève violemment la tête dégageant le cou. Arrive alors le dénommé H. C. avec un couteau, à l'aide duquel il tranche, d'un coup sec et sans hésiter, la gorge du malheureux qui ne devait pas comprendre ce qui lui arrivait. Leur forfait accompli, ils retirent leur victime du véhicule et la jettent dans un ravin situé à proximité, avant de prendre la voiture et disparaître dans la nature. Le malheureux chauffeur n'était pas mort. La veine jugulaire avait été épargnée, faisant qu'il n'avait pas été vidé de son sang. Il avait trouvé la force de se traîner durant toute la nuit pour arriver, à l'aube, jusqu'à un groupe de maisons situé à proximité où il sera pris en charge par les habitants qui alertent les services de sécurité. Dans un état grave et sans connaissance, et ne portant aucune pièce d'identité, le malheureux a été transporté aux urgences médicochirurgicales du CHU d'Oran où il a été placé sous soins intensifs, en attendant son identification, qui n'allait, d'ailleurs pas tarder. C'est, en effet, le téléphone portable du grand blessé qui a parlé. L'un des agresseurs avait vendu l'appareil volé à son gendre, ce qui déclencha l'affaire. Les recherches entreprises par les éléments des services de sécurité aboutiront très rapidement à la découverte du véhicule volé en partie désossée dans un garage de Sandjas (Chlef) et à l'arrestation des deux individus qui n'ont pu qu'avouer leur crime. Avant-hier, les deux accusés n'avaient pas nié leurs actes devant le tribunal criminel d'Oran. Ils ont reconnu tous les faits relevés contre eux au détail près sans la moindre hésitation. Le réquisitoire cinglant du représentant du ministère public s'adressait surtout aux membres du jury, les exhortant à rejeter toute idée de circonstances atténuantes en faveur des accusés qui ne la méritaient nullement, selon lui. Désignant les accusés, le procureur général a déclaré à l'attention des jurés « Regardez-bien ces deux individus, considérez les actes qu'ils ont commis, regardez dans quel état se trouve aujourd'hui leur victime. Ils ont fait plus que la tuer, ils l'ont lourdement handicapée à vie, et interrogez-vous, en votre âme et conscience s'ils méritent la moindre compassion. » Comme le réquisitoire, la sentence attendue par le procureur général devrait être à la mesure de la monstruosité du crime pour lequel il a requis la peine capitale contre les deux accusés. Le jury et les membres de la cour criminelle se sont retirés pour délibérer et revenir avec la sentence tard dans la nuit.