En réalité, ce phénomène n'est pas un vain mot dans une simple vue de l'esprit. Des statistiques édifiantes l'attestent. Les responsables du service des urgences chirurgicales du CHU Dr Benzerdjeb d'Oran le confirment ; la violence n'est plus l'apanage de ces quartiers défavorisés, elle s'est généralisée à tous les secteurs même les plus huppés de la ville. Chaque année, le service en question qui constitue le réceptacle et même le symbole de la violence, recense quelque 2400 cas d'agressions perpétrées au moyen d'armes blanches, d'objets contondants ou par balles. Pour le dernier semestre 2010, 224 hospitalisations ont dû être ordonnées. « Ne vous fiez pas à ce chiffre, tient-on à nous préciser, il ne concerne que les cas les plus graves. Pour avoir une idée plus nette du phénomène, vous devez le multiplier par cinq donc 1120 dont un cinquième environ a nécessité soit une hospitalisation poursuivie soit des gestes médicaux lourds (drainage par exemple) ceci, sans prendre en compte les victimes décédés sur le champ et donc n'ayant pas été répertoriés par le service des urgences ». «Vendredi nous avons eu à traiter une cinquantaine de victimes d'agression, en majorité des jeunes ou même des adultes et des femmes, il y a eu aussi des mutilations volontaires et des tentatives de suicide », et les moyens employés à ces fins sont parfois peu orthodoxes. On nous montrera dans la salle des admissions un homme d'une trentaine d'années alité, qui avait tenté de mettre fin à sa vie en se plantant de gros clous dans l'abdomen. Dans une autre salle mitoyenne, un autre jeune aurait tenté de se trancher la gorge en se servant d'un rasoir à manche, pareillement et paradoxalement, de nombreuses agressions ont lieu au sein même du service visant le personnel hospitalier. Infirmiers, surveillant et médecins en ont fait les frais de la part des victimes elles-mêmes ou de leurs proches. En dépit de leur nombre, les agents de sécurité de l'hôpital seraient littéralement débordés par une affluence sans cesse croissante de malades « même les agents en faction au niveau du poste de police ont été agressés », nous dit-ont. Dans le même ordre d'idées nous apprenons, chiffres à l'appui, que la majorité des blessés transportés vers le service des urgences provient des wilayas limitrophes, Mascara, Sidi-Bel-Abbès, Aïn-Témouchent ou Relizane et ce, pour des motifs divers dont les plus avouables seraient le manque de spécialistes, de moyens orthopédiques ou autres. « En réalité, nous confie un urgentiste, les hôpitaux qui transfèrent leurs blessés vers Oran visent essentiellement à économiser leur budget, un geste chirurgical coûte parfois plus de 15 millions de centimes et un scanner environ 9 000 DA». Dans un climat d'insécurité, les scènes de violence sont telles qu'un surveillant nous dira :«Nous vivons l'enfer au quotidien ». Le services des urgences » chirurgicales d'Oran, tente tant bien que mal de mener à bien sa mission « l'insécurité ambiante est telle que nous réglons au plan des autres problèmes logistiques que nous devons affronter, tels le manque de fil de suture, le scanner souvent en panne et autres lacunes porteuses d'une tare inimaginable.