En ce 15eme vendredi (31 mai 2019), ils étaient entre 5 et 6 000 citoyens et citoyennes à braver les dards du soleil, la soif et la faim du jeûne , à rejoindre en après midi le centre ville pour crier haut et fort leurs revendications, les mêmes depuis déjà plus de 3 mois et dont la principale est le départ des hommes du système encanaillé avant toute élection qu'ils veulent propre, sous contrôle populaire. « La intikhabat maa el issabat » (Pas d'élection avec les gangs). « Irrouhou gaa wi yatehasbou gaa » (Tous doivent partir, tous doivent être jugés ). Le point de ralliement habituel est le siège de la wilaya, représentation locale du pouvoir central alors que près de 200 mètres plus loin se trouve le siège de l'APW (élus de la wilaya) qui n'attire aucune foule. Ceci est probablement symptomatique du peu d'intérêt que le peuple porte sur les élus qu'il considère acquis à l'Alliance de l'allégeance. Vers 15 heures, la foule devenue fort nombreuse et bigarrée par ses couleurs et sa composante se forme en défilé long de près de 300 mètres pour entamer sa marche sur la voie circulaire habituelle du centre ville : cité les 600 , l'hôpital, bd Cheikh Laifa, Bab Biskra, stade Guessab pour revenir au point de départ, le siège de wilaya. Les manifestants sont de tout âge et des deux genres. Les personnes âgées, assez nombreuses s'arment de courage pour tenir le pas et les youyous des femmes et des jeunes filles alternent avec les slogans scandés en chœur par les jeunes gens pleins de vigueur. C'est effectivement la jeunesse qui donne toute la pérennité et l'endurance au hirak. Les slogans variés usent d'expressions fortes, accusatrices, signe d'une exaspération de n'être pas suffisamment entendu ou compris par les tenants du pouvoir. Alors que le classique et fort « Khlitou leblad ya essarkine » (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs) est toujours là, de nouveaux mots d'ordre sont clamés comme des mises en garde : « Madania, la askaria » (Civile, non militaire), « Solta le chaab » (Pouvoir au peuple), « Dégage FLN ». Des portraits du dr Fekhar mort en détention sont brandis sous les cris de « Pouvoir assassin ». Mais le « selmia, selmia » (pacifique, pacifique) vient rappeler la nature fondamentale de la contestation aux plus impulsifs. Le « hirak » mouvement populaire et pacifique de contestation ne semble point s'essouffler alors qu'il entame son quatrième mois. Les manifestants le font remarquer aussi par leur clameur « Samdine, koul djemaa khardjine ». (Nous résistons, chaque vendredi nous sortirons).