Entamée lundi dernier, au niveau du tribunal correctionnel de Sétif, l'affaire dite d'Eriad-Sétif tire à sa fin. Après avoir entendu, durant quatre jours, les 172 prévenus dont 16 cadres de l'entreprise et 156 commerçants accusés de dilapidation de deniers publics, leur utilisation à des fins personnelles, abus d'utilisation de fonction et abus de biens sociaux pour les premiers, et bénéfice de l'influence des agents d'une entreprise publique économique pour les seconds, l'audience d'hier a été consacrée à l'intervention de la partie civile, au réquisitoire du ministère public et aux plaidoiries des avocats de la défense. En effet, et dans un long réquisitoire, le représentant du ministère public après avoir donné un bref aperçu sur l'entreprise Eriad Sétif, considérée auparavant comme l'un des fleurons de l'industrie agroalimentaire à l'échelle nationale, a tenu à expliquer avec plus de détails le rôle de chacun des accusés dans cette affaire, qualifiée de véritable scandale financier. Le procureur pointera du doigt les cadres de l'entreprise, comme étant les premiers responsables de cette politique de destruction et de cette anarchie financière ayant coûté au Trésor public la bagatelle de 140 milliards de centimes. Pour ce qui est des commerçants, le procureur n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour enfoncer les commerçants qui ont profité de la conjoncture pour tirer profit et s'enrichir sur le dos de l'Etat. A la fin, l'avocat général a requis dix ans de prison assortie d'une amende d'un million de dinars à l'encontre de treize cadres d'Eriad, dont des exprésidents- directeurs généraux du groupe, et de ses filiales, notamment les Moulins des Hauts-Plateaux (Sétif), Moulins des Zibans (Biskra), Moulins El-Hodhna (M'sila), Moulins des Bibans (BBA), Moulins de Sidi-Aïssa (M'sila) et l'entreprise des transports El Fouara (Sétif). Une peine de sept ans de prison ainsi qu'une amende similaire d'un million de dinars a été aussi requis à l'encontre de trois responsables des services commerciaux d'Eriad. L'avocat général a aussi demandé des peines de sept ans et deux ans de prison ferme, plus une amende d'un million de dinars pour les commerçants. Les plaidoiries de la défense ont, quant à elles, été axées essentiellement sur la responsabilité de l'Etat dans cette affaire, en participant d'une manière indirecte à la destruction de l'industrie agroalimentaire dans notre pays en accordant à tort et à travers des crédits pour l'importation des minoteries. “Ces dernières, exemptes d'impôts et de taxes, ont concurrencé et d'une manière illégale les entreprises étatiques. La politique de l'époque n'a fait qu'accélérer le processus de destruction de l'empire Eriad. Chose qui avait contraint les gestionnaires de cette entreprise à recourir aux ventes à terme afin de ne pas mettre en péril l'emploi des 23 000 travailleurs. L'affaire d'Eriad Sétif n'est ni plus ni moins qu'une banale affaire commerciale. Les dettes de 140 milliards de centimes sont considérées comme logiques par rapport au chiffre d'affaires de l'entreprise qui avoisine les 22 000 milliards de centimes. Donc les dettes représentent uniquement 0,70% des risques commerciaux”, plaident les robes noires. En attendant le verdict qui sera sans doute prononcé la semaine prochaine, les plaidoiries des avocats des prévenus se poursuivent toujours. Imed Sellami, Le Soir d'Algérie