a liste tant attendue est rendue publique. Elle est accrochée comme le sont sur elle tous les yeux. Rivée contre un mur ou un panneau, cette liste ressemble à un édit osant défier les dix commandements. Elle s'attribue un caractère divin, d'oracle céleste. Elle génère assurément le bonheur suprême dans une expectative haie, résignée et trop tardive dans le moment où elle produit de l'évanouissement, des sit-in, et de la colère. Maintenant qu'elle est là, accrochée au-dessus de pauvres têtes sans abris, sans couvre-chefs, elle est moitié fière, moitié déshonorante. Pour la simple raison que sa couvaison a amplement tardé dans les laboratoires d'insémination artificielle, ce qui aurait influé sur le terme de sa mise à bas. L'opération d'accouchement est méticuleuse, très sensible, voire menaçante et dangereuse pour les gynéco-attributeurs. Devant voir le jour, même la nuit, elle est objet à décision « césarienne ». Au sens impérial et romain de la notion. Cette liste, qui croit créer l'immense plaisir, tend à faire renaître des familles et des familles des cendres de l'attente et extirper tout le monde des affres du doute, ou du confort velouté de l'espoir. Avoir un logement, un quelconque F...x, dans une quelconque cage d'escalier dans n'importe quel immeuble, situé à n'importe quelle cité, serait une rêverie idéale, fortement entretenue, documents à l'appui par des recensements, des enquêtes, des comptes rendus. En finalité, le malheur épars et diffus est plus fort que la jubilation. Plus dense et intenable que l'allégresse précisée au nombre des attributions. Néanmoins, le Ramadan 2009 sera paradisiaque pour ces centaines de familles heureuses élues. Et si l'Etat évite carrément de s'investir dans le logement ? Notamment celui qualifié improprement de social. Mais, avant toute chose, faudrait-il encore que cet Etat ait à son compte une franche volonté de vouloir pondre carrément une aussi fraîche politique du logement. Toutes les formules ont été usitées. L'on ne cesse de rabâcher, le LSP, le RHP (résorption de l'habitat précaire), l'évolutif, le rural, le promotionnel, le clos et couvert... comme l'on ne cesse un temps de louer les mérites d'entités, de caisses, de fonds, d'agences, d'offices partant de la CNL, FNPOS, ADEL, CNEPIMMO EPLF, OPGI... jusqu'aux entreprises chinoises, manoeuvres africains et ciments égyptiens ou mortiers siglés Lafarge. Pour qu'ensuite, un autre temps les voue aux gémonies de l'inefficacité, du manque d'adresse et d'ardeur ou de fraude, contrefaçon ou malversation. Que faire alors messieurs des logements et de l'habitat ? En somme, est-ce que le logement est une affaire de ministre, de wali ou de demandeurs ? Une affaire d'Etat ou de peuple ? Est-elle, cette affaire, celle de finances ou de moyens de réalisation ? D'idée ou de volonté ? D'hommes ou de procédures ? Enfin, de trompe charismatique, de poigne ou tout simplement de discours, de bilans et de populisme ? A Sétif, BBA ou à Henia, ces interpellations ne se posent point. La tête, le coeur et le corps sont ailleurs. Dans la liste. This is the question ! Cette question, Akila la citadine, une mère et grand-mère, ne se la pose pas et persévère à attendre une liste, voire une autre... celle des tombes. A Sidi Haïder. Pourvu qu'elle ait... un permis d'inhumer.