Que se passe-t- à Sétif ? Près de 300 hectares de bonne terre agricole de l'ex domaine Mansouri ont été ravagés depuis quelques jours par le bulldozer pour être livrés à l'extension urbaine. Il y a quelques mois, ces terres, en partie irriguées, (près de 50 ha) portaient du blé et de la pomme de terre et faisaient vivre quelques dizaine de familles. L'extension urbaine est devenue de toute évidence une nécessité mais celle-ci devrait s'opérer avec discernement et sagesse. Sétif dispose de quelques milliers d'hectares en surface inculte ou de terres agricoles de 3ème catégorie qui peuvent être destinées à l'urbanisation. Quelques centaines d'hectares se localisent à Chouf Lekdad, à l'Ouest de la ville, et le reste ; de quoi réaliser une autre plus grande ville, à l'Est, sur la commune d'Ouled Saber, un immense territoire de rocaille et de terre maigre livrée à la vaine pâture. Toutes ces terres « déclassables » sont en quasi-totalité biens du domaine privé de l'Etat. Leur urbanisation progressive permettrait de développer cette commune pauvre. Des instruments de gestion du territoire et de préservation des ressources ont été réalisés à l'échelle de la wilaya et à l'échelle de la commune. Schéma directeur d'aménagement et de développement agricole de la wilaya (Bneder 1987), Plan communal d'affectation des terres (Bneder , 1988) , PDAU revisé , Schémas national et régional d'aménagement du territoire (Bneder, 2009) ... Il suffit de dépoussiérer ces documents sensés aider à la prise de la décision. Alors ? Méconnaissance des lieux ? Solution de facilité (fameux décret ravageur portant reprise des terres du domaine privé de l'Etat) ? Précipitation et à-peu-prisme ? Peut-être tout ceci à la fois. La terre nourricière est cette précieuse ressource non renouvelable qui restera aux futures générations d'Algériens après que le pétrole soit épuisé. Alors préservons-là à tout prix au nom de ces dizaines de millions d'Algériens à venir et au nom de la loi. Messieurs les responsables, faites arrêter ce massacre avant qu'il ne soit trop tard. Un hectare de terre fertile bétonné est perdu à jamais et aucune mise en valeur réalisée à coup de dizaines de millions de dinars ne peut le remplacer. Hamoud ZITOUNI, agronome.