J'ai eu dans le passé dans ce journal même de dénoncer une grosse opération de détournement mafieux de terre agricole située à la sortie Est (El Hassi) de la ville de Sétif. Cette tentative de prédation et d'enrichissement indu a heureusement échoué grâce à la mobilisation de quelques citoyens, mais aussi grâce à la justice, celle qu'on croit à tord qu'elle est systématiquement aux ordres. Elle s'en est sortie grandie aux yeux de nombreux citoyens pour avoir dit le droit, celui inhérent à la protection des terres agricoles et au plan d'urbanisme. Elle a mis en échec les appétits voraces des acteurs du trafic du foncier en même temps que les décisions arbitraires de quelques ronds de cuir qu'on est tenté de qualifier de mégalo-autistes. Voila que près de 2 ans plus tard, ces lois de la République sont encore bafouées ou détournées et délestées de leur poids juridique contre le bon sens et la sagesse même, à quelques centaines de mètres plus loin, sur le côté sud de la route expresse qui ceinture la ville de Sétif par le sud. Cette voie d'évitement matérialise la limite du plan d'urbanisme de la ville. En plus du non respect du plan d'urbanisme, du grignotage des terres agricoles qui s'en suivra (On ne peut interdire aux uns ce qu'on a permis aux autres), la construction d'un cité au de là de cette route expresse est une grosse erreur sur le plan de la sécurité des futurs habitants qui seront obligés de traverser cette route. Celle-ci devient par la force de l'imprévision, du laisser faire et de la gabegie une menace permanente qui pèse sur la vie des habitants et en particulier des écoliers. Les autorités de la ville et ceux de la wilaya pourront-il arrêter ce massacre annoncé ? L'espoir demeure. Je rappelle que Sétif est une des rares grandes communes d'Algérie à disposer d'un immense patrimoine foncier urbanisable constitué de terres de classe 3 sur le plan agronomique et aptes à la construction. Une étude a été réalisée en 1987 par un bureau national à l'effet d'orienter et planifier l'incontournable extension urbaine. Cette étude reste toujours valable pour aider les responsables à la prise de décision. A plus long terme, la commune voisine d'Ouled Saber disposant de quelques milliers d'hectares urbanisables pourrait recevoir, comme cela a déjà commencé, des projets d'habitat, de zone industrielle, d'établissements à caractère commercial : il aurait été mieux inspiré de délocaliser le marché de gros sur cette commune pauvre que de le faire à côté du cimetière de Sidi El Khier qui est lui-même dans le besoin de s'étendre , sa surface étant à plus de 80 % consommée. La solidarité inter communale bien plus intelligente et payante à long terme devrait l'emporter sur la vision un peu étriquée, parce que « administrative » de l'espace. Bien administrer c'est prévoir et prévoir c'est prévenir disent les anciens administrateurs. Ils n'ont pas tort. C'est encore plus valable, voire nécessaire quand il s'agit de gérer l'espace, concilier la croissance urbaine en accord avec l'indispensable bien être qui lui doit être réservé et l'autre nécessité bien nourricière, celle de la terre agricole, don divin que nous devons léguer aux générations à venir. Hamoud ZITOUNI, agronome.