CC?me nuit (suite) Quand Scheich Ibrahim eut fait et qu?il fut venu rejoindre ses h?tes, Noureddin lui demanda s?il n?avait pas quelque boisson dont il voul?t bien les r?galer. ?Quelle boisson voudriez-vous? reprit Scheich Ibrahim. Est-ce du sorbet? J?en ai du plus exquis; mais vous savez bien, mon fils, qu?on ne boit pas de sorbet apr?s le souper. -Je le sais bien, repartit Noureddin ce n?est pas du sorbet que nous vous demandons; c?est une autre boisson; je m??tonne que vous ne m?entendiez pas. -C?est donc du vin dont vous voulez parler? r?pliqua Scheich Ibrahim. Vous l?avez devin?, lui dit Noureddin: si vous en avez, obligez-nous de nous en apporter une bouteille. Vous savez qu?on en boit apr?s souper, pour passer le temps jusqu?? ce qu?on se couche. Dieu me garde d?avoir du vin chez moi! s??cria Scheich Ibrahim, et m?me d?approcher d?un lieu o? il y en aurait! Un homme comme moi, qui a fait le p?lerinage de la Mecque quatre fois, a renonc? au vin pour toute sa vie. -Vous nous feriez pourtant un grand plaisir de nous en trouver, reprit Noureddin; et, si cela ne vous fait pas de peine, je vais vous enseigner un moyen, sans que vous entriez au cabaret et sans que vous mettiez la main ? ce qu?il contiendra. -Je le veux bien ? cette condition, repartit Scheich Ibrahim: dites-moi seulement ce qu?il faut que je fasse. -Nous avons vu un ?ne attach? ? l?entr?e de votre jardin, dit alors Noureddin, c?est ? vous apparemment, et vous devez vous en servir dans le besoin. Tenez, voil? encore deux pi?ces d?or; prenez l??ne avec ses paniers, et allez au premier cabaret, sans vous en approcher qu?autant qu?il vous plaira; donnez quelque chose au premier passant et priez-le d?aller jusqu?au cabaret avec l??ne, d?y prendre deux cruches de vin, que l?on mettra l?une dans un panier, et l?autre dans l?autre, et de vous ramener l??ne apr?s qu?il aura pay? le vin de l?argent que vous lui aurez donn?. Vous n?aurez qu?? chasser l??ne devant vous jusqu?ici, et nous prendrons les cruches nous-m?mes dans les paniers. De cette mani?re vous ne ferez rien qui doive vous causer la moindre r?pugnance?. Les deux autres pi?ces d?or que Scheich Ibrahim venait de recevoir firent un puissant effet sur son esprit. ?Ah mon fils, s??cria-t-il quand Noureddin eut achev?, que vous l?entendez bien sans vous, je ne me fusse jamais avis? de ce moyen pour vous faire avoir du vin sans scrupule?. Il les quitta pour aller faire la commission, et il s?en acquitta en peu de temps. D?s qu?il fut de retour, Noureddin descendit, tira les cruches des paniers, et les porta au salon. Scheich Ibrahim ramena l??ne ? l?endroit o? il l?avait pris; et lorsqu?il fut revenu: ?Scheich Ibrahim, lui dit Noureddin, nous ne pouvons assez vous remercier de la peine que vous avez bien voulu prendre; mais il nous manque encore quelque chose. -Et quoi? reprit Scheich Ibrahim; que puis-je faire encore pour votre service? Nous n?avons pas de tasses, repartit Noureddin, et quelques fruits nous raccommoderaient bien, si vous en aviez. Vous n?avez qu?? parler, r?pliqua Scheich Ibrahim, il ne vous manquera rien de tout ce que vous pouvez souhaiter?.