CCI?me nuit Scheich Ibrahim descendit et, en peu de temps, il leur pr?para une table couverte de belles porcelaines remplies de plusieurs sortes de fruits, avec des tasses d?or et d?argent ? choisir; et, quand il leur eut demand? s?ils avaient besoin de quelque autre chose, il se retira sans vouloir rester, quoiqu?ils l?en priassent avec beaucoup d?instances. Noureddin et la belle Persane se mirent ? table et ils commenc?rent par boire chacun un coup; ils trouv?rent le vin excellent. ?Eh bien, ma belle, dit Noureddin ? la belle Persane, ne sommes-nous pas les plus heureux du monde de ce que le hasard nous a amen?s dans un lieu si agr?able et si charmant? R?jouissons-nous, et remettons-nous de la mauvaise ch?re de notre voyage. Mon bonheur peut-il ?tre plus grand que de vous avoir d?un c?t?, et d?avoir la tasse de l?autre?? Ils burent plusieurs autres fois, en s?entretenant agr?ablement, et en chantant chacun leur chanson. Comme ils avaient la voix parfaitement belle l?un et l?autre, particuli?rement la belle Persane, leur chant attira Scheich Ibrahim, qui les entendit longtemps de dessus le perron, avec un grand plaisir, sans se faire voir. Il se fit voir enfin en mettant la t?te ? la porte: ?Courage, seigneur! dit-il ? Noureddin qu?il croyait d?j? ivre; je suis ravi de vous voir dans cette joie. -Ah! Scheich Ibrahim, s??cria Noureddin en se tournant de son c?t?, que vous ?tes un brave homme et que nous vous sommes oblig?s. Nous n?oserions vous prier de boire un coup: mais ne laissez pas d?entrer. Venez, approchez-vous, et faites-nous au moins l?honneur de nous tenir compagnie. -Continuez, continuez, reprit Scheich Ibrahim, je me contente du plaisir d?entendre vos belles chansons?. Et, en disant ces paroles, il disparut. La belle Persane s?aper?ut que Scheich Ibrahim s??tait arr?t? sur le perron, et elle en avertit Noureddin. ?Seigneur, ajouta-t-elle, vous voyez qu?il t?moigne une aversion pour le vin; je ne d?sesp?rerais pas de lui en faire boire si vous vouliez faire ce que je vous dirais. -Et quoi? demanda Noureddin: vous n?avez qu?? dire, je ferai ce que vous voudrez. -Engagez-le seulement ? entrer et ? demeurer avec nous, dit-elle; quelque temps apr?s, versez ? boire et pr?sentez-lui la tasse; s?il vous refuse, buvez, et ensuite faites semblant de dormir, je ferai le reste?. Noureddin comprit l?intention de la belle Persane; il appela Scheich Ibrahim, qui reparut ? la porte. ?Scheich Ibrahim, lui dit-il, nous sommes vos h?tes, et vous nous avez accueillis le plus obligeamment du monde; voudriez-vous nous refuser la pri?re que nous vous faisons de nous honorer de votre compagnie? Nous vous demandons, non pas que vous buviez, mais seulement de nous faire le plaisir de vous voir?.