CCVII?me nuit (Suite) Le petit Beder fut nourri et ?lev? dans le palais, sous les yeux du roi et de la reine de Perse, qui le virent cro?tre et augmenter en beaut? avec une grande satisfaction. Il leur en donna beaucoup plus ? mesure qu?il avan?a en ?ge, par son enjouement continuel, par ses mani?res agr?ables en tout ce qu?il faisait et par les marques de la justesse et de la vivacit? de son esprit en tout ce qu?il disait; et cette satisfaction leur ?tait d?autant plus sensible que le roi Saleh, son oncle; la reine, sa grand?m?re et les princesses ses cousines venaient souvent en prendre leur part. On n?eut point de peine ? lui apprendre ? lire et ? ?crire, et on lui enseigna avec la m?me facilit? toutes les sciences qui convenaient ? un prince de son rang. Quand le prince de Perse eut atteint l??ge de quinze ans, il s?acquittait d?j? de tous ses exercices avec infiniment plus d?adresse et de bonne gr?ce que ses ma?tres. Avec cela, il ?tait d?une sagesse et d?une prudence admirables. Le roi de Perse, qui avait reconnu en lui, presque d?s sa naissance, ces vertus si n?cessaires ? un monarque, qui l?avait vu s?y fortifier jusqu?alors et qui, d?ailleurs, s?apercevait tous les jours des grandes infirmit?s de la vieillesse, ne voulut pas attendre que sa mort lui donn?t lieu de le mettre en possession du royaume. II n?eut pas de peine ? faire consentir son conseil ? ce qu?il souhaitait l?-dessus; et les peuples apprirent sa r?solution avec d?autant plus de joie que le prince Beder ?tait digne de les commander. En effet, comme il y avait longtemps qu?il paraissait en public, ils avaient eu tout le loisir de remarquer qu?il n?avait pas cet air d?daigneux, fier et rebutant, si familier ? la plupart des autres princes, qui regardent tout ce qui est au-dessous d?eux avec une hauteur et un m?pris insupportables. Ils savaient, au contraire, qu?il regardait tout le monde avec une bont? qui invitait ? s?approcher de lui; qu?il ?coutait favorablement ceux qui avaient ? lui parler, qu?il leur r?pondait avec une bienveillance qui lui ?tait particuli?re, et qu?il ne refusait rien ? personne, pour peu que ce qu?on lui demandait f?t juste. Le jour de la c?r?monie fut arr?t?; et ce jour-l?, au milieu de son conseil, qui ?tait plus nombreux qu?? l?ordinaire, le roi de Perse, qui d?abord s??tait assis sur son tr?ne, en descendit, ?ta sa couronne de dessus sa t?te, la mit sur celle du prince Beder; et, apr?s l?avoir aid? ? monter ? sa place, il lui baisa la main pour marquer qu?il lui remettait toute son autorit? et tout son pouvoir; apr?s quoi il se mit au-dessous de lui, au rang des vizirs et des ?mirs. Aussit?t les vizirs, les ?mirs et tous les officiers principaux vinrent se jeter aux pieds du nouveau roi et lui pr?t?rent le serment de fid?lit?, chacun dans son rang. Le grand vizir fit ensuite le rapport de plusieurs affaires importantes, sur lesquelles il pronon?a avec une sagesse qui fit l?admiration de tout le conseil.