CCXIII?me Nuit (Suite) Le roi Beder, bien afflig? de s??tre engag? dans cette touchante affaire avec tant d?inconsid?ration, mit pied ? terre avec un grand regret. La vieille fut prompte ? se saisir de la bride et ? d?brider la cavale, et encore plus ? prendre dans la main de l?eau d?un ruisseau qui coulait au milieu de la rue et de la jeter sur la cavale, en pronon?ant ces paroles: ?Ma fille, quittez cette forme ?trang?re et reprenez la v?tre.? Le changement se fit en un moment; et le roi Beder, qui s??vanouit d?s qu?il vit para?tre la reine Labe devant lui, f?t tomb? par terre, si le vieillard ne l?e?t retenu. La vieille, qui ?tait m?re de la reine Labe, et qui l?avait instruite de tous les secrets de la magie, n?eut pas plus t?t embrass? sa fille, pour lui t?moigner sa joie, qu?en un instant elle fit para?tre, par un sifflement, un g?nie hideux, d?une figure et d?une grandeur gigantesque. Le g?nie prit aussit?t le roi Beder sur une ?paule, la vieille et la reine magicienne sur l?autre, et les transporta, en peu de moments, au palais de la reine Labe, dans la ville des Enchantements. La reine magicienne, en furie, fit de grands reproches au roi Beder d?s qu?elle fut de retour dans son palais: ?Ingrat, lui dit-elle, c?est donc ainsi que ton indigne oncle et toi vous m?avez donn? des marques de reconnaissance, apr?s tout ce que j?ai fait pour vous: je vous ferai sentir ? l?un et ? l?autre ce que vous m?ritez.? Elle ne lui en dit pas davantage; mais elle prit de l?eau, et, en la lui jetant au visage: ?Sors de cette figure, dit-elle, et prends celle d?un vilain hibou.? Ces paroles furent suivies de l?effet; et aussit?t elle commanda ? une de ses femmes d?enfermer le hibou dans une cage et de ne lui donner ni ? boire ni ? manger. La femme emporta la cage, et, sans avoir ?gard ? l?ordre de la reine Labe, elle y mit de la mangeaille et de l?eau; et cependant, comme elle ?tait amie du vieillard Abdallah, elle envoya l?avertir secr?tement de quelle mani?re la reine venait de traiter son neveu et son dessein de les faire p?rir l?un et l?autre, afin qu?il donn?t ordre ? l?en emp?cher et qu?il songe?t ? sa propre conservation. Abdallah vit bien qu?il n?y avait pas de m?nagement ? prendre avec la reine Labe. Il ne fit que siffler d?une certaine mani?re; et aussit?t un grand g?nie ? quatre ailes se fit voir devant lui et lui demanda pour quel sujet il l?avait appel?. ?L??clair, lui dit-il (c?est ainsi que s?appelait ce g?nie), il s?agit de conserver la vie du roi Beder, fils de la reine Gulnare. Va au palais de la magicienne et transporte incessamment ? la capitale de Perse la femme pleine de compassion ? qui elle a donn? la cage en garde, afin qu?elle informe la reine Gulnare du danger o? est le roi son fils et du besoin qu?il a de son secours; prends garde de ne pas l??pouvanter en te pr?sentant devant elle, et dis-lui bien, de ma part, ce qu?elle doit faire.