CCIX?me Nuit Il e?t ?t? ? souhaiter, reprit la reine, que nous n?eussions pas ?t? dans la n?cessit? de faire cette demande, dont il n?est pas s?r que nous ayons un succ?s aussi heureux que nous le souhaiterions; mais, comme il s?agit du repos et de la satisfaction du roi mon petit-fils, j?y donne mon consentement. Sur toutes choses, puisque vous connaissez l?humeur du roi de Samandal, prenez garde, je vous en supplie, de lui parler avec tous les ?gards qui lui sont dus et d?une mani?re si obligeante qu?il ne s?en offense pas?. La reine pr?para le pr?sent elle-m?me et le composa de diamants, de rubis, d??meraudes et de files de perles, et les mit dans une cassette fort riche et fort propre. Le lendemain, le roi Saleh prit cong? d?elle et du roi de Perse et partit avec une troupe choisie et peu nombreuse de ses officiers et de ses gens. Il arriva bient?t au royaume, ? la capitale et au palais du roi de Samandal qui ne diff?ra pas de lui donner audience, d?s qu?il eut appris son arriv?e. Il se leva de son tr?ne d?s qu?il le vit para?tre; et le roi Saleh, qui voulut bien oublier ce qu?il ?tait pour quelques moments, se prosterna ? ses pieds, en lui souhaitant l?accomplissement de tout ce qu?il pouvait d?sirer. Le roi de Samandal se baissa aussit?t pour le faire relever: et, apr?s qu?il lui eut fait prendre place aupr?s de lui, il lui dit qu?il ?tait le bienvenu et lui demanda s?il y avait quelque chose qu?il p?t faire pour son service. ?Sire, r?pondit le roi Saleh, quand je n?aurais pas d?autres motifs que celui de rendre mes respects ? un prince des plus puissants qu?il y ait au monde et si distingu? par sa sagesse et par sa valeur, je ne marquerais que faiblement ? Votre Majest? combien je l?honore. Si elle pouvait p?n?trer jusqu?au fond de mon c?ur, elle conna?trait la grande v?n?ration dont il est rempli pour elle et le d?sir ardent que j?ai de lui donner des t?moignages de mon attachement?. En disant ces paroles, il prit la cassette des mains d?un de ses gens, l?ouvrit, et, en la lui pr?sentant, il le supplia de vouloir bien l?agr?er. ?Prince, reprit le roi de Samandal, vous ne faites pas un pr?sent aussi consid?rable que vous n?ayez une demande proportionn?e ? me faire. Si c?est quelque chose qui d?pende de mon pouvoir, je me ferai un tr?s grand plaisir de vous l?accorder. Parlez, et dites-moi librement en quoi je puis vous obliger. -Il est vrai, sire, repartit le roi Saleh, que j?ai une gr?ce ? demander ? Votre Majest?; et je me garderais bien de la lui demander s?il n??tait en son pouvoir de me la faire. La chose d?pend d?elle si absolument, que je la demanderais en vain ? tout autre. Je la lui demande donc avec toutes les instances possibles, et je la supplie de ne pas me la refuser. -Si cela est ainsi, r?pliqua le roi de Samandal, vous n?avez qu?? m?apprendre ce que c?est, et vous verrez de quelle mani?re je sais obliger quand je le puis. -Sire, lui dit alors le roi Saleh, apr?s la confiance que Votre Majest? veut bien que je prenne sur sa bonne volont?, je ne dissimulerai pas davantage que je viens la supplier de nous honorer de son alliance par le mariage de la princesse Giauhare, son honorable fille, et de fortifier par l?, la bonne intelligence qui unit les deux royaumes depuis si longtemps.