?Si l?OPEP respecte strictement ses engagements de production, comme elle l?a promis le 15 mars, elle va diminuer de facto son offre de 1,1 mbj, ce qui risque de faire remonter les cours et compromettre la convalescence de l??conomie mondiale?. C?est la tr?s curieuse analyse, publi?e, hier, par le cabinet londonien CGES, qui fait fi des besoins des pays producteurs qui redoutent un recul drastique de leurs recettes budg?taires. Une analyse reprise par les grands m?dias occidentaux dans le cadre de la campagne permanente de pression sur le cartel, ?coupable? de ne pas faire preuve de patience en attendant que la crise passe. L?Organisation des pays exportateurs de p?trole, qui s?est r?unie le 15 mars ? Vienne (Autriche), a d?cid? de maintenir ? l?identique sa production, ? 24,84 millions de barils par jour (mbj), et appel? ses membres ? respecter ? 100% leurs pr?c?dents engagements de produire moins. Le Center for Global Energy Studies (CGES) estime, dans son rapport de ce mois de mars, que ?la d?cision de ne pas opter pour une nouvelle r?duction de l?offre ?tait clairement la bonne dans les circonstances actuelles?, mais a critiqu? la promesse, faite par le cartel, de respecter enti?rement les baisses de production d?cid?es fin 2008. ?Un strict respect des quotas actuels ?quivaudrait ? retirer encore 1,1 million de barils par jour (mbj) du march? mondial, par rapport ? la production de l?OPEP estim?e par le CGES?, expliquent les experts de ce cabinet fond? par l?ancien ministre du P?trole saoudien, Cheikh Ahmed Zaki Yamani. Ce dernier ?tait pourtant l?un des architectes du consensus entre producteurs et consommateurs qui avait permis de stabiliser le march? en 1998, suite ? la crise du Sud-Est asiatique. Or, ce sont aujourd?hui tous les pays d?velopp?s qui ne veulent plus de compromis avec les producteurs. Parce qu?ils n??taient pas encore touch?s par la crise, les pays d?velopp?s ont coop?r?, lors de la pr?c?dente crise, par une gestion concert?e des stocks. Pareille disponibilit? n?est plus de mise, vu que les dirigeants des pays riches semblent paniquer devant la gravit? de la crise qui les frappe de plein fouet. C?est pour cela que des cabinets comme CGES estiment que l?OPEP, plut?t que de penser ? l?int?r?t de ses membres, devrait plut?t partager le fardeau des pays riches et maintenir la production ainsi plafonn?e. Pourtant, les membres de l?OPEP ne sont pas responsables de cette crise, et ce n?est pas ? eux d?en subir les cons?quences, sachant la faible aide au d?veloppement re?ue de la part des pays riches quand ceux-ci affichaient de fortes croissances, de m?me qu?ils continuent de fermer les portes ? toute concertation, dans le cadre du G20 ou en dehors, sur la r?forme du syst?me financier mondial en cons?quence de la crise. ?Cela devrait normalement conduire ? une vigoureuse remont?e des prix du p?trole?, ce qui, ?dans le climat ?conomique actuel, compromettrait simplement les chances de r?tablissement, ferait ressurgir le spectre de l?inflation et retarderait le red?marrage de la demande p?troli?re?, affirment les analystes occidentaux. Selon l?Agence internationale de l??nergie qui d?fend toujours les int?r?ts des pays industrialis?s, l?OPEP a respect? ? 80% les baisses de production (4,2 mbj au total), d?cid?es fin 2008, ce qui est sans pr?c?dent dans l?histoire de l?organisation. Et l?AIE d?ajouter, visiblement jamais contente, que le cartel produirait encore quelque 900.000 barils par jour de plus que son quota. Pourtant, tout concourt ? dire que l?OPEP, comme l?a soulign? Chakib Khelil, doit encore r?duire son offre. Les perspectives pour l??conomie mondiale faiblissent en 2009 et, avec elles, les pr?visions de consommation d?or noir. La demande p?troli?re devrait se contracter de 1,5 million de barils par jour. Encore faut-il, pour qu?une d?cision soit prise, que l?OPEP mette de c?t? ses vieilles divisions.