La médiation de diplomates algériens chevronnés, dans les négociations engagées en Mauritanie, sera, selon les observateurs, un élément capital pour la sortie de la crise politique dans laquelle est plongé ce pays. Dans ce cadre-là, Saïd Djinnit et Ramtane Lamamra (ancien secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères), respectivement représentant spécial des Nations unies en Afrique de l'Ouest et commissaire à la Paix et la Sécurité de l'Union africaine (UA), participaient à la réunion du groupe de contact international sur la Mauritanie, suspendue jeudi tard à Dakar, avant de reprendre hier matin après l'étude de nouvelles propositions, comme annoncé par le ministre sénégalais des Affaires étrangères. Ramtane Lamamra a réaffirmé jeudi à Dakar la détermination et l'engagement de toute la communauté internationale à appuyer les efforts menés par le facilitateur sénégalais, sous l'égide de l'UA, afin de trouver une solution à la crise politique que traverse la Mauritanie depuis le 8 août 2008. Lamamra s'exprimait en présence du président sénégalais, Abdoulaye Wade, et des membres du Groupe de contact international (GCI) sur la Mauritanie, à l'ouverture d'une rencontre de médiation entre les protagonistes de la crise mauritanienne née du coup d'Etat contre le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Toute la journée du jeudi, les négociations ont notamment porté sur l'éventualité d'un accord sur le report de l'élection présidentielle controversée qui doit être organisée la semaine prochaine, le 6 juin, dix mois après le coup d'Etat. «On va se retrouver demain matin avec des propositions que toutes les parties vont étudier», a déclaré Cheikh Tidiane Gadio aux journalistes, peu après 22H00. «On a une forte impression que les délégations sont venues avec une ferme volonté de trouver un accord. On est encore très optimistes» a ajouté le chef de la diplomatie sénégalaise. Les négociateurs devaient ensuite dîner à l'hôtel où se tient la réunion, puis recevoir les propositions à étudier dont le contenu n'a pas été communiqué. Aux côtés des émissaires de la communauté internationale, trois délégations représentent les grands «pôles» de la crise mauritanienne: celui du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi destitué le 6 août, celui du dirigeant du principal parti d'opposition, Ahmed Ould Daddah, et celui du meneur du putsch, le général Aziz, ex-chef de la junte qui brigue la présidence. Le général Aziz, désormais à la tête d'un parti (majoritaire au Parlement), est donné vainqueur de la présidentielle boycottée par l'opposition, face à seulement trois candidats de moindre poids qui n'avaient pas condamné le putsch. Yedali Ould Cheikh, au nom du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d'Ahmed Ould Daddah, a jugé que «sur les questions de la suspension de l'agenda unilatéral (de la junte) et de la campagne électorale, la partie qui représente le général Aziz continue de s'entêter malheureusement». Selon lui, les négociations n'ont pas non plus avancé sur «la question des détenus politiques». Par ces termes, l'opposition fait référence au Premier ministre renversé le 6 août, Yahia Ould Ahmed Waghf, et trois autres hommes qui ont été emprisonnés comme lui dans le cadre de l'affaire Air Mauritanie. «Nous considérons que l'option pour une solution consensuelle n'est pas encore le choix évident de la partie adverse», a déclaré de son côté le dirigeant de la délégation mauritanienne du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), Mohamed Ould Moloud. «Pour le moment, nous n'avons reçu aucun geste d'apaisement de leur part», a ajouté Ould Moloud.