Sur la base d'une décision de justice, une opération d'expulsion a touché, hier, cinq des 20 familles habitant un immeuble privé sis au 14, rue Aroumia Larbi à Medioni. Un important renfort sécuritaire a été déployé pour contenir tout dépassement. «Nous ne sommes pas des Algériens… Cela fait plus de trente ans que nous habitons ici, et voilà qu'on nous expulse la veille du mois sacré de Ramadhan. Dieu, viens nous en aide !», tels étaient les cris et les paroles de détresse lancés par cette mère de famille concernée comme quatre autres familles voisines par l'opération d'expulsion menés, dès les premières heures de la matinée, dans une des maisons appartenant à un particulier dans le vieux quartier de Medioni. Comme la majorité des opérations d'expulsion, cette opération menée ce samedi dans le quartier populaire de Medioni aura apporté son lot d'émotions et de pleurs allant jusqu'à faire oublier la souveraineté de la décision de justice. Un important cordon sécuritaire a été déployé à l'intérieur et autour de cette demeure à deux niveau qui, visiblement, ne tient plus que difficilement aux assauts du temps. Une action en justice avait été menée par le propriétaire des lieux qui a ainsi bénéficié d'un verdict en sa faveur. Un huissier de justice était présent sur les lieux pour confirmer l'identité et l'appartement précis occupé précédemment par chacune des familles concernées par l'arrêté d'expulsion. La présence des sapeurs pompiers et des urgentistes du SAMU aura été fort utile du fait de l'état de santé de certains des occupants. La mère Slimani, hypertendue perdra connaissance devant ses enfants et son époux, un retraité de la poste. Elle sera traitée sur place, alors qu'un autre voisin touché par l'arrêté d'expulsion sera, lui, évacué par les médecins urgentistes. A ce propos, Slimani dira, en exhibant les médicaments de sa femme : «Tout est sombre pour moi… Mon épouse est entre la vie et la mort… Qu'on m'expulse, avec mes enfants, où vais-je aller ?...». Un jeune locataire qui a subi une opération exhibera ses pansements en disant : «Je suis né ici. Mes parents n'ont jamais eu d'autre maison que celle-là… et on se pose encore la question de savoir pourquoi les jeunes risquent leur vie dans les «boté» [petite embarcation en bois.Ndlr] en mer… Voilà une raison concrète». A l'étage supérieur, la famille Jatit est concernée par l'expulsion. La mère de famille est prise de malaise, et les sapeurs pompiers présents interviennent rapidement. Pour le frère du propriétaire, Chebli, venu s'enquérir de la situation sera accueilli par des propos divers par les locataires. Il dira : «La bâtisse menace ruine…Je ne veux pas assumer la responsabilité d'un accident qui provoquerait des blessés parmi les locataires. La justice a tranché, je m'en remet à elle». La situation intenable commencera par se décanter en fin de matinée lorsque la mission de forces de l'ordre aura été portée à terme. Par ailleurs, il est à signaler le professionnalisme des agents de l'ordre réquisitionnés à l'occasion de cette douloureuse circonstance et qui ont fait preuve de beaucoup de maturité et qui, en fins psychologues, ont pu mener leur mission sans incident. De leur côté, les locataires n'auront eu de cesse de demander un report de la décision d'expulsion expliquant, pour bon nombre d'entre eux, qu'ils n'ont pas où aller, tout en priant les autorités de tenter de trouver une issue favorable à leur situation. Ils préciseront que leurs demandes de logements étaient depuis longtemps en attente auprès des services compétents.