Avec la sortie médiatique de l'ambassadeur de France en Algérie, dimanche à la Maison de la presse, l'opinion pensait que l'affaire des moines de Tibhirine connaîtrait son épilogue. Ce n'est manifestement pas le cas. Et pour cause, le ministre français de la Défense vient de rajouter une couche. Et pas n'importe quelle couche, puisqu'il vient tout simplement de balayer ce qui constitue la pièce à conviction du dossier, à savoir la fameuse note confidentielle dont avait parlé le général Bushwalter. Une note qui n'aurait, selon Hervé Morin, aucune existence. Aucune note de l'ex-attaché militaire français en Algérie sur le massacre des moines de Tibhirine n'a encore été retrouvée par le ministère de la Défense, a-t-il indiqué. "J'ai eu une information hier (lundi) disant qu'on n'a toujours pas retrouvé cette note puisqu'elle date d'une bonne douzaine d'années," expliquait hier le ministre français de la Défense sur la radio RTL. Selon Hervé Morin, "cette fameuse note a été envoyée au Quai d'Orsay (le ministère des Affaires étrangères) qui l'aurait transmise à la Direction du renseignement militaire. (...) J'ai demandé aux services d'essayer de la retrouver ", a-t-il promis. En supposant que cette soi-disant note soit un jour retrouvée, le ministre de la Défense français met déjà sa valeur en doute. C'est, en tous cas, ce que laissent entendre ses propos. "Il n'y a aucune raison qu'on aille cacher une analyse faite par un attaché de défense qui était en poste en Algérie," a assuré M. Morin tout en soulignant que cette éventuelle note "fait référence à des gens qui auraient dit que..." Les déclarations du ministre français de la Défense interviennent le jour même où le grand quotidien français de droite 'Le Figaro' consacre un article à la loi de programmation militaire que le Sénat français va examiner aujourd'hui. Cette loi prévoit en substance de restreindre l'accès des juges aux documents confidentiels. Il se trouve que l'affaire de Tibhirine est considérée comme un dossier confidentiel. Cet été justement, lit-on dans Le Figaro, le Quai d'Orsay et le ministère de la Défense doivent également recevoir les demandes des juges concernant les documents classés secret-défense dans l'affaire des moines de Tibhirine. Mais, en attendant la mise en branle de cette procédure qui pourrait essuyer un fin de non recevoir, force est de constater que les propos du ministre français de la Défense sont un deuxième niveau de lecture par rapport à ses premières déclarations de mercredi dernier. "Il n'y a aucune raison de chercher à cacher la moindre chose", avait-il déclaré laissant ainsi supposer que l'affaire reposait sur du solide. Ce qui ne semble plus être le cas à la lumière de ses propos d'hier. Entre l'emballement initial de la classe politique et des médias français, au sujet de cette affaire, et la mesure pour ne pas dire les remises en cause de ces derniers jours, quelque chose a dû se passer. Les jours qui viennent nous apporteront peut-être la réponse.