Ahmeddou Ould Souilem, un ex-conseiller du président sahraoui Abdelaziz et membre fondateur du Front Polisario, semble très à l'aise dans son nouveau rôle d'agent patenté du Makhzen. Ce dernier ne pouvait pas espérer mieux que de retourner cet homme contre son propre pays et son propre peuple qui lutte pour sa liberté. Mais, hier à Rabat, à l'occasion de sa première conférence de presse dans sa «nouvelle patrie», ce cadre passé au camp adverse a ciblé principalement l'Algérie, conformément à l'angle d'attaque du Makhzen. Et comme pour signer son acte d'allégeance et de ralliement au roi, Ahmeddou Ould Souilem a surfé sur la littérature usée de Rabat contre l'Algérie. Il aura ainsi fait plaisir aux journalistes marocains venus hier en nombre écouter un homme, sans honneur, qui a trahi et sa patrie et son combat passé pour la liberté des siens. Ould Souilem a donc «cassé» de l'Algérie, désigné comme étant le principal frein au règlement du conflit sahraoui, au grand bonheur de la presse makhzenienne si friandes à ce genre de ragots. Devenu sujet de Mohamed VI, le déserteur a étalé son pessimisme à l'égard de la réunion informelle prévue le 9 août en Autriche entre le Maroc et le mouvement Polisario. «Il est difficile d'attendre de ceux (ndlr, Polisario) qui profitent du statu quo de changer leurs positions parce qu'une solution n'est pas en leur faveur», a affirmé Ould Souilem, en guise de déclaration de ralliement au Maroc. Cet homme originaire de Dakhla (sud du Sahara occidental) qui était auparavant ministre conseiller à la présidence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), s'est tout de suite appliqué studieusement à seriner la rhétorique «royale» sur le prétendu blocage que constitue l'Algérie dans le règlement du conflit. «Le Polisario est un instrument de l'Algérie. Il ne milite plus pour la cause sahraouie car ses rouages sont dominés par l'Algérie», a-t-il soutenu, arrachant les applaudissements de la presse marocaine qui va lui souhaiter une bienvenue au «front». L'orateur n'a pas tardé à réaffirmer «son soutien» au plan d'autonomie du Maroc pour mettre fin au conflit du Sahara. Il s'en fait même l'avocat. «Cette large autonomie pour les Sahraouis vise à préserver la souveraineté et l'intégrité du Maroc», a souligné cet ex-combattant pour l'indépendance du Sahara occidental! Et dans son plaidoyer paranoïaque sur le «rôle» de l'Algérie, Ould Souilem s'est interrogé: «Est-ce que l'Algérie est prête à lâcher la voie? (de l'indépendance, ndlr). Particulièrement agressif, l'individu, dans sa folle envie de plaire au makhzen, n'a pas hésité à faire dans la provocation en déclarant vouloir «libérer» les Sahraouis de Tindouf. «C'est à nous que revient le rôle de libérer les Sahraouis de Tindouf. Dans ces camps, ils vivent une situation humanitaire et sociale catastrophique», a-t-il affirmé, reprenant ainsi la propagande marocaine largement relayé par la presse et les ONG pro-makhzen. L'émissaire de l'Onu pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, s'était déclaré lors de sa dernière visite dans la région «optimiste» quant à l'organisation d'une «première rencontre informelle» entre les deux parties pour discuter du territoire. Mais à travers une aussi pitoyable prestation du félon Sahraoui, il est évident que Rabat vise à saborder tout effort visant à régler le conflit conformément aux résolutions des Nations-Unies. Que représente en effet Ould Souilem aux yeux des concitoyens sahraouis vivant aux camps de réfugiés sinon «un homme indigne qui a troqué la liberté de son peuple contre le confort que lui procure sa récente proximité avec le makhzen»?