Les chefs d'entreprise français ne comptent pas croiser les bras face aux mesures décidées par le gouvernement Ouyahia dans le cadre de la loi des finances complémentaire (LFC). Et pour cause! Après les réactions effarouchées, par voie de presse, les patrons français semblent revenir à de meilleurs sentiments en privilégiant la concertation avec leurs homologues d'Algérie. Pour ce faire, une importante mission de trois jours d'une délégation des chefs d'entreprise français séjournera du 22 au 25 novembre prochain à Alger. Intervenant dans un contexte marqué par le retour en grâce du «patriotisme économique» en Algérie, à travers les mesures contenues dans la LFC, cette visite devrait, escompte-t-on, «tirer les affaires au clair» entre l'Algérie et la France. Durement touchées par les mesures contenues dans la loi des finances complémentaires (LFC), les entreprises françaises, notamment celles du Sud, montrent des signes d'affolement. L'Union maritime de Marseille a été jusqu'à lancer dernièrement un SOS aux autorités politiques françaises afin qu'elles trouvent une solution «intermédiaire» pour sortir les ports du Sud de leur léthargie. Ceci est d'autant plus vrai que 65% de l'activité de ces ports à l'international s'effectue avec l'Algérie. Yves Thibault de Silguy, président de Vinci et président du Conseil des chefs d'entreprise France-Algérie de Medef International, qui présidera cette mission, devrait donc se faire l'avocat des entreprises françaises qui subissent les contrecoups de la LFC. Mais il n'aurait pas la tâche facile devant un gouvernement déterminé à «protéger l'économie nationale». Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a rappelé à l'ouverture de la session de l'automne du parlement que les «intérêts de l'Algérie n'ont pas changé entre le mois de juillet et le mois de septembre». Ce qui sous-entend que le gouvernement n'est pas près de céder aux sollicitations des patrons du Medef qui viendront, eux aussi, défendre les intérêts des entreprises françaises. Bien qu'aucune mention ne soit faite sur la rencontre des délégués du Medef avec les officiels algériens, il n'est pas exclu que des tête-à-tête informels soient organisés. En revanche, le site internet du Medef précise bien que les patrons français vont rencontrer leurs homologues algériens. Le dernier rendez-vous bilatéral remonte à mars 2008, à l'occasion de la tenue d'une rencontre sur la consolidation du processus des investissements français en Algérie, à Paris, entre le ministre des Finances, Karim Djoudi, et les entrepreneurs français du Medef. Cette rencontre avait regroupé une soixantaine d'entrepreneurs français, tous secteurs confondus, dont de nombreux banquiers. En janvier 2007, Medef International avait organisé, également à Paris, un séminaire sur le climat de l'investissement en Algérie. A cette occasion, l'ex-ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, avait présenté les projets et les opportunités offertes dans le cadre du Programme complémentaire de soutien à la croissance 2005-2009 qui devrait monter à 120 milliards de dollars sur la période. Mais le rendez-vous de novembre paraît un peu spécial du fait que notre pays va jouer sur du velours alors que les patrons français, qui ont toujours fait preuve de frilosité dès qu'il est question d'investir en Algérie, devraient sortir leurs chéquiers pour capter l'intérêt des Algériens. Il faut savoir qu'en dehors du secteur des hydrocarbures, la France est le principal partenaire commercial de l'Algérie avec quelque 200 entreprises françaises opérant dans le pays et générant 8.000 emplois. En attendant d'accueillir les chefs d'entreprise français, le Forum des chefs d'entreprise algériens débattait, hier à l'hôtel Aurassi, comment il pourrait tirer profit du plan quinquennal de développement 2009-2014. C'est dire que les patrons algériens et français auront beaucoup de choses à se dire…