Après deux déconnexions en cinq mois d'intervalle, dont la seconde en est à sa quatrième semaine, le conflit entre Algérie Télécom et Eepad semble arriver à son épilogue, nos sources faisant part d'une solution déjà trouvée et qui remettrait le provider sur la sellette. On annonce même le retour de la connexion ces jours-ci. Pour revenir au conflit opposant les deux parties, l'opérateur historique réclame, d'une part, dur comme fer, la récupération de ses 350 milliards de centimes de créances détenues auprès du provider. AT persistait à dire, par la voix de son P-dg, Moussa Benhamadi, et du Premier responsable du secteur de la Poste et des TIC, Hamid Bessalah, que c'est un problème purement commercial, menaçant même d'introduire des poursuites judiciaires contre le débiteur. Pour rappel, le ministre est allé encore plus loin, appelant les clients d'Eepad à migrer vers le réseau d'AT, «sans mesurer le poids d'une telle décision», qualifiée par certains d'«injonction» et de mesure qu'AT est incapable de satisfaire. En effet, l'opérateur public, selon les experts en TIC, et de par la saturation de son réseau et la limitation de la capacité de ses infrastructures, «est incapable d'absorber ce flux d'abonnés». Cela a mené du coup à l'intervention de l'ARPT, principale agence de régulation, qui a invité AT à respecter la continuité du service Internet, avant toute coupure, et à revoir sa copie. De l'autre côté, l'opérateur privé se défend, en imputant l'accumulation de ses dettes à la rupture du système Gaya qui lui a infligé d'importantes pertes sur son réseau en heures de connexion, l'obligeant à dédommager ses clients, ainsi qu'à la décision prise par l'ex-ministre des PTIC, Boudjemâa Haichour, de réduire de 50% les tarifs ADSL. Résultat des courses: plus de 35.000 abonnés d'Eepad dont 2.000 cybercafés et 700 PME, qui utilisent ses produits pour leurs activités commerciales, se retrouvent encore une fois otages d'un différend qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Et quelque 1.500 à 1.800 personnes (600 emplois directs et près de 1.200 indirects) qui vivent de cette société étaient ainsi menacées de chômage. Ni les négociations entre les parties en conflit, ni même les appels d'intermédiation de l'ARPT, ni encore la proposition de prise de participation dans le capital d'Eepad n'avait infléchi la position intrinsèque d'AT, jugée comme étant monopolisatrice. Cette situation abracadabrante, rappelle-t-on, est née au lendemain des mises en garde du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a instruit l'opérateur public de s'acquitter de l'ensemble de ses créances estimées à 70 milliards de DA. Hier, les internautes qui attendent avec impatience le retour de la connexion d'Eepad ont eu droit à un autre discours. Le P-dg d'Algérie Télécom, dans une déclaration à un quotidien national, a montré des signes de décantation, en regrettant d'avoir agi ainsi avec Eepad qui est, estime-t-il, partie prenante dans le projet phare du gouvernement, «e-Algérie 2013», lui qui a participé à l'opération Ousratic et au programme Tarbiatic. Cela confirme la place que détient Eapad dans l'échiquier. En effet, le provider n'est pas seulement un partenaire commercial, mais aussi une entreprises citoyenne et un acteur principal dans le développement des TIC's en Algérie. Surtout qu'il s'agit du premier à avoir introduit l'ADSL et le triple play (Internet, téléphonie et IP-TV). Toujours est-il, le Premier responsable d'AT a fait état d'un accord définitif avec Eepad d'ici la fin de semaine. Chose qu'a confirmé, Nouar Harzallah, P-dg d'Eepad, qui promet à ses clients pénalisés «le retour en force» du provider «comme il ne l'a jamais été». Cela dit, on se refuse de révéler les contours de cet accord tacite qui a fait revenir à de meilleurs sentiments le ministre du secteur qui a déclaré: «Eepad est un partenaire incontournable qu'on n'est pas près d'abandonner.» Et toujours dans ce contexte, des sources affirment que pour régler le problème, Eapad a consenti à céder 49% de ses parts à AT, ce qui n'a pas été confirmé dans l'entourage de Harzallah. Pour d'autres, «les services offerts par Eapad aux différents ministères ont dû peser dans la balance». «Peu importe, l'essentiel est qu'on nous rende notre connexion», disent unanimement ceux qui ont préféré attendre plutôt que de contracter un abonnement chez AT.