Le voyage dura cinq heures et demie. Au sortir de l'aéroport, les Soudanais nous souhaitent la bienvenue. Alors que nous nous trouvions au siège de l'ambassade, un Algérien originaire de Annaba fait irruption. Son visage est sanguinolent: il vient d'être lâchement agressé par un Egyptien. Le ministre de la Jeunesse et des Sports est informé et son cas pris en charge par l'ambassadeur. Le jour de la rencontre, le matin, nous faisons la connaissance d'un ancien journaliste et directeur de la radio soudanise. Il nous donne son pronostic: l'Algérie battra l'Egypte par un but à zéro. Le chauffeur soudanais qui nous pilote à travers Khartoum refuse notre argent. Les supporters algériens, très nombreux, sillonnent les artères de la ville, drapeaux en main. Khartoum est habillée aux couleurs nationales et l'emblème algérien fait fureur. A chaque fois que nous croisons un Soudanais, nous entendons la même réplique: «Djazairi, andhak âalam, âalam kabir». Direction le stade. Tous les Soudanais que nous rencontrons nous souhaitent la victoire. L'entrée au stade coïncide avec l'arrivée des journalistes et supporters égyptiens. Ces derniers sont majoritairement des célébrités triées sur le volet. A l'entrée du stade, les supporters algériens créent une ambiance du tonnerre. Cheb Toufik et sa trompette font des merveilles. Les Egyptiens tentent d'imiter les Algériens. Un bide. Les Algériens ont pris un ascendant énorme. 18h30, les joueurs algériens entrent au stade. Ils n'en reviennent pas. Le stade leur est tout acquis. Les drapeaux couvrent la moitié du stade, Cheb Toufik fait le reste. Sa trompette couvrira, durant toute la rencontre, le bruit des Egyptiens. A 20h30, les deux équipes font leur apparition. Antar Yahia refuse de serrer la main des joueurs égyptiens, sauf celle d'Aboutrika. Le match commence sur les chapeaux de roue. 40ème minute, Antar Yahia marque le but. Le stade explose. L'Algérie mène par 1 but à 0. Une consoeur craque. Toute la tension accumulée pendant la semaine passée au Caire. La seconde mi-temps démarre. Il faut résister. Les Egyptiens élèvent le rythme. Chaouchi annihile toutes les tentatives égyptiennes. Les Verts tiendront jusqu'au coup de sifflet final. Les Egyptiens sortent les premiers. Les supporters leur emboîtent le pas. Ils sont furieux. Finalement, ils ne sont pas venus nombreux car les trois quarts de la partie du stade réservée à l'Egypte sont occupés par les Soudanais restés sur place. Ces Soudanais, venus prêter main forte aux pharaons, ont été forcés par leurs employeurs égyptiens. La fête peut commencer. Les rues et ruelles de Khartoum sont envahies par de marées humaines. Les Soudanais sont ravis et ils le montrent. Les restaurants et autres fast-foods fonctionnent à plein régime. La nuit sera longue. Le lendemain du match, direction l'aéroport. Sur place, des milliers de supporters, qui ont passé la nuit dehors, attendent l'avion qui les emmènera au bled. Le formidable pont aérien, organisé pour la première de son histoire par les autorités algériennes, a fonctionné tant bien que mal car, à Khartoum, le petit aéroport avait du mal à contenir le flot ininterrompu des 13.000 supporters algériens.