Gare de l'Agha, hier en fin de matinée, pas âme qui vive ou presque. Un calme qui tranche radicalement avec la cohue quotidienne de cette gare où se déversent des milliers d'usagers du train. Les guichets sont fermés. «Nous sommes toujours en grève», répond de façon nonchalante un travailleur en grande discussion avec des collègues à l'entrée du hall. «Quand ils nous donneront notre dû, nous reprendrons illico», renchérit un autre qui fait porter le chapeau du mouvement de protestation aux pouvoirs publics, soupçonnés de faire la politique de deux poids deux mesures». Alors que les trains sont immobilisés pour le 8ème jour, en coulisses c'est les contacts tous azimuts. «Les doléances des travailleurs sont prises en charge par l'UGTA, les cheminots bénéficieront d'augmentations comme les autres travailleurs des secteurs économiques, mais avec le souci de ne pas mettre en danger la santé financière de la SNTF», assure le responsable de la communication de l'UGTA. Côté grévistes, la méfiance reste de mise. «Dés qu'il y aura du concret, et des engagements avec des dates et des pourcentages, nous allons nous réunir en assemblée générale pour voter l'arrêt de la grève», dira Aïssa Boultif, un syndicaliste de la section d'Alger centre. Ainsi, l'appel de Sidi Saïd, lancé vendredi, n'a pas eu l'écho escompté. Le patron de l'UGTA avait, en effet, réitéré son appel aux cheminots à geler leur grève pour permettre à leurs représentants de "favoriser la négociation dans la sérénité". Au cours d'une rencontre avec les représentants de la Fédération nationale des cheminots et de la base syndicale, Sidi Saïd a indiqué que "la reprise du travail se fera le samedi 15 mai", précisant que cet acte des travailleurs sera "un geste de solidarité à l'endroit du citoyen". Soulignant que l'UGTA prend en charge les doléances des cheminots et particulièrement l'article 52 de la convention collective de branches, il a relevé que "le dialogue constitue un instrument indispensable pour le règlement des problèmes des travailleurs". De son côté, la justice, déclarant illégale la grève, avait ordonné aux travailleurs de la SNTF la reprise. Cette intrusion dans le conflit de la SNTF a fait réagir certains partis qui dénoncent «l'instrumentalisation» de la Justice par l'administration. Pour rappel, cette grève a été déclenchée suite à une information annonçant que les cheminots n'étaient pas concernés par les augmentations de salaires obtenues dans le cadre des conventions de branches entre le Gouvernement et l'UGTA. A noter enfin cette intervention de Amar Tou sur les ondes de la radio nationale, hier en fin d'après midi, y annonçant que le trafic devait reprendre aujourd'hui.