Après plus d'une année d'une guerre froide, assortie de quelques échanges à fleurets mouchetés entre responsables et élus des deux pays, l'Algérie et la France s'apprêtent à enterrer la hache de guerre. En effet, le 25ème Sommet «France-Afrique» qui s'ouvre, aujourd'hui, à Nice offre une belle occasion aux présidents Bouteflika et Sarkozy de sceller les retrouvailles. Le fait que le chef de l'Etat ait accepté l'invitation du patron de l'Elysée est en soi un signe que l'on s'achemine vers la décrispation des relations. C'est, en tout cas, ce qu'a confirmé hier le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, soulignant que ce sommet «contribuera à améliorer les relations avec la France et à consolider les rapports entre les pays africains et la France». Bien que le programme officiel ne mentionne aucun entretien bilatéral entre MM. Bouteflika et Sarkozy, l'Elysée confirme cependant que les deux présidents «se verront et se parleront». C'est l'opportunité, en effet, de dissiper les malentendus, à commencer par le feuilleton diplomatico-judiciaire concernant Mohamed Ziane Hasseni, aujourd'hui témoin assisté dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'opposant Ali Mecili en 1987 à Paris, et dont l'arrestation en France a été très mal perçue à Alger. L'exhumation de l'affaire de l'assassinat des sept moines de Tibhirine en 1996, les mesures vexatoires en direction des voyageurs algériens et le passé colonial qui ressurgit, dans toute son acuité, sont autant de sujets qu'il faudra aplanir. Des sujets qui fâchent et qui ont poussé des députés algériens à présenter un projet de loi criminalisant le colonialisme, une proposition qui a effrayé en France, provoquant un débat au Palais Bourbon. Une atmosphère polluée, couronnée par une campagne anti-algérienne, à l'occasion de la présentation du film «Hors la loi» de Rachid Bouchareb. Les déclarations scandaleuses de Bernard Kouchner ont fait le reste. C'est dire ce qu'attend le président Bouteflika, histoire de déblayer le terrain à une normalisation des relations. Mourad Medelci rappelle en effet que l'Algérie considère que les «sentiments patriotiques sont extrêmement importants» et «il faut en tenir compte», dans une allusion au devoir de mémoire exigé de la France. «Les messages (des) Algériens, quel que soit leur âge, sont simplement des messages de ceux qui (...) ont combattu pour que l'Algérie redevienne leur pays. Qu'on ne leur en veuille pas aujourd'hui de le rappeler aux autres, quand les autres font mine de l'oublier» ajoute-t-il, dans une réplique allusive à Bernard Kouchner qui s'attendait à l'amélioration des rapports entre les deux pays «après le départ de la génération de la guerre».